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Clarifier sa stratégie

De l'accompagnement des agriculteurs jusqu'à la distribution d'énergie sur le territoire, en passant par les projets locaux, plusieurs positionnements sont possibles.

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La question du positionnement dans les énergies renouvelables est stratégique. La palette des possibilités étant très large, il faut définir sa réflexion bien en amont, tenant compte de la destination des déchets, de la taille de l'entreprise et de son capital à investir (lire p. 30 et 31) et surtout de la volonté des dirigeants (lire ci-contre).

La vente des coproduits est le plus simple à mettre en oeuvre, néanmoins il est essentiel de définir sa politique « déchets » sur le long terme. Quelle sera la destination des coproduits : compostage, combustion, granulation, méthanisation ? A qui vais-je les vendre ? Aux adhérents, aux entreprises les plus proches, aux plus offrants ? La multiplication des méthaniseurs risque de créer certaines tensions sur le territoire, autant mettre en place une politique claire et transparente dès le départ.

Souvent, des négoces et des coopératives choisissent d'accompagner les agriculteurs dans leur démarche énergétique, du conseil (études de faisabilité) jusqu'à l'installation ou la construction, en photovoltaïque ou en méthanisation. Depuis 2008, le service élevage de Maïsadour (8 000 adhérents) a ainsi accompagné la mise en place de 169 centrales solaires chez des agriculteurs, soit l'équivalent de 97 500 m² et 14,35 MWc.

De la R & D dans l'énergie

Certains grands groupes coopératifs qui disposent de moyens importants, soutiennent la recherche et le développement de la filière méthanisation. Vivescia (11 000 adhérents) conseille, puis passe le relais à son bureau d'étude, Omnisolis qui dimensionne et construit des unités de méthanisation. En 2017, Omnisolis qui emploie sept personnes, a mis au point « Méthaniz », un process en voie sèche discontinue avec des améliorations techniques (régulation de la percolation et automatisation du nettoyage). Une unité est en fonctionnement et des tests, soutenus par l'Ademe, auront lieu en 2018. Sur cinq projets d'Omnisolis, qui avaient obtenu des subventions, trois ont été abandonnés. Sur ce marché compliqué, la coopérative espère bien sortir son épingle du jeu grâce à l'innovation. Le groupe coopératif breton Triskalia, lui aussi, innove. Il a créé Cobiogaz avec Direct Energie (fournisseur d'énergie), la société d'économie mixte de la Bretagne (Semaeb) et la Caisse des dépôts. Cette société développe un système permettant à de petites installations éloignées du réseau de gaz naturel, de compresser le biogaz et de le transporter vers un point unique d'épuration en biométhane, et d'injection dans le réseau.

Du côté du photovoltaïque, Fermes de Figeac (lire p. 32) a commencé par le conseil à ses adhérents. Très vite, elle leur a proposé aussi l'installation, le nettoyage, la maintenance. De fil en aiguille, le service s'est développé et elle a construit des logiciels pour l'exploitation et un prototype de robot pour le nettoyage.

Acteur du territoire

L'accompagnement peut également passer par une entrée au capital des projets des agriculteurs. A Benet, à l'ouest de Niort (Vendée), les Etablissements Cosset et fils ont investi dans le projet Méthabiogaz, aux côtés de trois agriculteurs. Depuis novembre 2017, ils injectent 80 Nm3 CH4/h dans le réseau. Pour aller encore plus loin, les entreprises agricoles peuvent s'impliquer dans les projets de territoire. La Cavac (6 000 adhérents) a investi dans quatre projets de méthanisation territoriale : Biogasyl en fonctionnement depuis 2008, Méthavie, en construction, et deux autres en développement. Sa participation varie entre5 et 10 %, comme l'explique Philippe Albert, responsable du pôle environnement et énergie de la Cavac. « Nous n'avons pas vocation à investir dans tous les projets. Nous laissons toujours la gouvernance aux agriculteurs. Mais nous accompagnons les projets de territoire pour les impacts agronomiques, notamment sur la fertilisation. » Avec 5 % du capital dans Biogasyl, la Cavac ne gagne pas beaucoup d'argent. Mais elle fait dorénavant partie du paysage agricole et énergétique et est régulièrement sollicitée par des développeurs ou des collectivités. Dernière action en date : l'achat de deux camions fonctionnant au bio-GNV. Un investissement en écho de la politique régionale des Pays de la Loire qui souhaitent être la première région à mobilité propre.

Les énergies vertes ne sont pas réservées qu'aux grands groupes. AgroPithiviers (500 adhérents) n'a pas hésité à investir dans un projet de méthanisation Beauce Gatinais Biogaz, à hauteur de 34 % des 10 M€. Elle le porte aux côtés d'Engie Biogaz et de la Sicap, l'opérateur local de distribution d'énergie. Les 3 000 t d'issues de céréales représentent 12,5 % des intrants et un plan d'épandage est prévu sur 7 000 ha.

Une question d'image aussi

« Notre but est avant tout de mieux capter la valeur organique du territoire. C'est un nouveau service que nous proposons à nos adhérents. En tant que coop, c'est notre rôle de gérer les matières premières et la répartition du digestat. C'est également une question d'image à l'heure où les produits chimiques sont attaqués. S'il n'y avait que l'aspect économique, cela ne se serait pas fait », explique Eric Bléchet, agriculteur et administrateur en charge du dossier. En effet, le projet a failli ne pas voir le jour. Alors que la coop tablait sur 15 % d'aide de l'Ademe, l'agence a jugé le projet rentable avec seulement 5 % de subvention. Un nouvel actionnaire est alors rentré dans le projet, Engie Biogaz. « On ne se prononce pas encore sur le temps de retour sur investissement, mais ce sera plutôt douze que sept ans », ajoute Eric Bléchet. Les travaux ont commencé cet été, avec quatre ans de retard.Sur le papier, une coopérative ou un négoce peut devenir distributeur d'énergie. Une utopie ? Fermes de Figeac, dans le Lot, est en train de le réaliser.

Vers la distribution d'énergie

En plus du photovoltaïque et de l'éolien, elle met en place des chaudières biomasse chez des particuliers et du petit collectif.Elle investit et s'occupe de l'approvisionnement en bois et de la maintenance, et revend des MWh aux particuliers. Onconnaissait la distribution des céréales et du lait par les coopératives, place désormais à la distribution d'énergie !

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