Transport Réduire la facture
Une nouvelle fois, la flambée du prix du carburant contraint coops et négoces à revoir leurs schémas logistiques. A la fois en repensant la gestion des flux et en limitant drastiquement la consommation de gazole.
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Faire le plein donne aujourd'hui des sueurs froides. Le gazole s'est renchéri de 20 % depuis l'été dernier. A ce rythme, il n'est plus permis de laisser défiler toujours plus vite à la pompe les chiffres de la facture sans rien faire. Les entreprises se voient dans l'obligation de maîtriser leurs coûts de transport. C'est aussi l'occasion de s'inscrire dans le développement durable en réduisant les émissions de CO2. Déjà, coops et négoces en remettent un coup sur la gestion des flux (pages 36 et 37) : limiter toujours plus les ruptures de charge en collecte, réduire les trajets à vide et optimiser les chargements des véhicules en appro. L'investissement dans des logiciels de gestion des tournées, toujours plus performants, est également de rigueur.
Prise de conscience des chauffeurs
Mais avant tout, réduire radicalement la consommation de gazole apparaît comme primordial (pages 38 et 39). Dans ce cadre, les dispositifs d'enregistrement permanent des paramètres de conduite sont employés comme indicateurs de progrès. Les formations à l'éco-conduite se multiplient, afin d'agir à la source en incitant les conducteurs à adopter une conduite plus économique. Des grosses entreprises se payent même le luxe de dédier un poste à cette mission. Par ailleurs, si l'entretien régulier des véhicules mérite d'être renforcé, privilégier les véhicules les plus récents et les plus performants devient une évidence. Un certain nombre d'entreprises ont déjà fait le choix de recourir à des camions fonctionnant avec une boîte automatique robotisée. Néanmoins, de là à parler de renouvellement de flotte, il y a un monde. " Les gens y réfléchissent, fait savoir Jean-Claude Jamoneau, responsable logistique à Coop de France-métiers du grain, notamment en prévision des échéances du 44 t. Mais je n'ai pas le sentiment qu'il y ait pour l'instant vraiment passage à l'acte. Certains disent que l'on va suivre la fréquence habituelle de renouvellement des véhicules, soit tous les six ou sept ans. " Toujours dans cette logique, un autre levier possible et déjà en vogue chez un certain nombre de coops ou négoces, est d'opter pour l'alimentation de leur flotte en B30.
Enfin, certains veulent encore croire au report des volumes sur les modes massifiés plus économes en carburant comme la voie d'eau, ou le fer (page 40)… Quand cela est possible ! Les grèves récurrentes du premier semestre 2010 à Fret SNCF et les dysfonctionnements logistiques qui s'en sont suivis, ont en effet coûté cher. Très cher même. Jusqu'à 12 €/t, selon une enquête Coop de France-métiers du grain menée sur 54 coops représentant 40 % de la collecte nationale : 250 000 t de grains transférées sur la route, 550 000 t exécutées en retard et 70 000 t carrément non exécutées. Un tiers des coops interrogées affirmaient ne plus utiliser le train en raison du manque de fiabilité et d'un tarif de 25 % supérieur au camion, voire franchement prohibitif pour les trains isolés. Seules consolations du côté des rénovations de voies et de la mise en place d'opérateurs ferroviaires de proximité : les choses commencent à bouger.
11 % d'économie avec le 44 t
Cette ascension vertigineuse du prix du gazole intervient alors que les denrées agricoles et agroalimentaires ont obtenu récemment le droit de circuler dans des poids lourds présentant un PTAC (poids total autorisé en charge) de 44 t (ce qui amène les bennes céréalières à charger de 26 à 30 t). Un souffle d'air non négligeable apporté avec la promulgation, le 17 janvier dernier, d'un décret et d'un arrêté. Certes, des zones d'ombres subsitent encore dans ces textes ce qui complique les négociations tarifaires. Certes, cette évolution engendre une hausse de 5 % des charges variables, selon le Comité national routier : 1 % de plus d'entretien, 5 % de plus en pneumatique et une surconsommation de carburant de 7 %. Et encore, " de ce que j'entends, on est même un peu inférieur à 6 % de surconsommation de carburant ", modère Jean-Claude Jamoneau. Mais rapporté à la tonne, le gain de productivité net est tout de même de 11 %. Soit une économie de 1 €/t de produit transporté. Ce n'est pas rien. Et les chargeurs ne s'y trompent pas. En mars, selon un sondage du cabinet conseil en transport bp2r, 53 % des transporteurs plus ou moins impliqués dans le secteur agroalimentaire avaient déjà été sollicités par au moins 20 % de leurs clients pour utiliser le 44 t. La réjouissance peut néanmoins être de courte durée. L'investissement guette déjà coops et négoces pour leur propre flotte. Les véhicules autorisés à circuler avec 44 t devront en e_ et présenter six essieux (avec un PTAC de 45 t pour compenser), à partir de 2014 pour les véhicules neufs et de 2019 pour tous les véhicules.
DOSSIER RÉALISÉ PAR RENAUD FOURREAUX ET NOS CORRESPONDANTS RÉGIONAUX
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