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Certification HVE Préparer le terrain

Après avoir participé à la phase test de la certification environnementale, la coopération et le négoce affichent leur volonté d'accompagner cette démarche qui peut s'appuyer sur un cadre collectif. Des plans d'action sont en train de prendre forme sur le terrain.

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D'ici à la fin de l'année 2010, 50 % des exploitations agricoles devront être engagées dans une démarche de certification environnementale. Cet objectif ambitieux des pouvoirs publics, né du Grenelle de l'environnement, en laisse plus d'un dubitatif. Il va falloir motiver et convaincre pour entraîner ainsi la moitié des agriculteurs français sur une voie dont l'intérêt n'est pas immédiat pour tous, en dehors de l'aspect réglementaire du niveau 1 (conditionnalité) de cette démarche qui se veut progressive (elle se décompose en trois étapes) et accessible à tous. D'autant plus que dans une telle conjoncture, la préoccupation du moment est tout autre.

Fort besoin de communication

Toutefois, ce dossier reste un axe stratégique pour les coopératives et les négoces qui l'ont pris à bras-le-corps. Ces entreprises pionnières entament depuis peu une politique de sensibilisation de leurs producteurs à l'image de Champagne céréales, Valfrance (p. 36 et 37) ou encore EMC2 (p. 35). « Ce dossier est pour nous une priorité absolue », avance Philippe Boëda de Valfrance, coopérative qui s'est lancée dans l'agriculture raisonnée, depuis 2005, avec plus de 200 adhérents certifiés. Du côté de la coopérative champenoise, on est prêt à suivre l'orientation donnée par le gouvernement, mais « il faut nous donner les cartouches nécessaires », ajoute François Do Nascimento, responsable du service certification environnemental.

La communication va donc être un axe fort pour sensibiliser les équipes terrain et les agriculteurs. Dans un premier temps, coopératives et négoces auront à se positionner en tant qu'accompagnateurs compétents. Sur ce point, les exploitants ne les perçoivent pas vraiment aujourd'hui comme les meilleurs interlocuteurs, selon notre sondage BVA-Agrodistribution. Ils se tourneraient plutôt vers les chambres d'agriculture. Celles-ci ont en effet pris sous leur coupe ce dossier, notamment dans la phase expérimentale fin 2008-début 2009.

Incitation économique à l'étude

Par ailleurs, chacun fourbit ses arguments pour pouvoir dépasser le simple cadre réglementaire du niveau 1. Les deux autres niveaux (le 2 : certification environnementale et le 3 : HVE) étant d'engagement volontaire. Si certains agriculteurs sont convaincus de l'enjeu environnemental et préfèrent anticiper sur l'avenir et d'éventuels droits d'accès aux marchés, pour d'autres, une incitation économique pourrait s'avérer nécessaire. Mais sous quelle forme ? Il a été proposé, dans le cadre de la future LMA, un crédit d'impôt pour les exploitations HVE. Quant à entrevoir une valorisation par l'aval, elle sera à négocier au cas par cas, mais de l'eau risque encore de couler sous les ponts, notamment sur des marchés de masse. Et pour ce qui est d'une éventuelle aide de l'Etat, « elle ne serait pas un véritable moteur », souligne Alexandre Meybeck du ministère de l'Agriculture. Cependant, un tel référentiel pourrait ouvrir la porte à des aides plus locales ou à des marchés captés par de grandes enseignes de la distribution. Enfin, autre argument non négligeable, mais sous réserve de validation par la Commission européenne, la pression de contrôle sur le terrain serait moindre. Toutefois, pour espérer un retour de valeur ajoutée, il est nécessaire de donner à cet engagement de la profession, de la lisibilité auprès des consommateurs ou autres partenaires de l'aval. Les modalités de communication autour des différents niveaux dont un étiquetage HVE, sont en cours de discussion. En attendant, lors des dernières Rencontres Agri Confiance, le ministre de la Consommation, Hervé Novelli a assuré « sensibiliser la distribution alimentaire sur la HVE ».

Effet « impulse » des équivalences

Si aux yeux des pouvoirs publics ce dossier reste stratégique, il constitue également une opportunité pour redynamiser le système de conseil agricole (SCA) via le niveau 1 qui autoriserait tout organisme habilité SCA à le valider. Le dispositif tel qu'il est défini à ce jour par le dernier rapport du Comop, (comité opérationnel du Grenelle, disponible sur le site du ministère), n'a pas vocation à être modifié de façon importante, d'ici la promulgation de la loi Grenelle 2, après son passage à l'Assemblée nationale fin janvier. La possibilité d'un cadre collectif et les passerelles depuis des démarches existantes devraient générer une certaine impulsion. La distribution agricole a, là, un rôle primordial à jouer et l'occasion de mutualiser son engagement par la synergie avec d'autres organisations gravitant autour de l'exploitation.

DOSSIER RÉALISÉ PAR HÉLÈNE LAURANDEL

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