Environ un tiers des surfaces de maïs sont irriguées en France ; ce qui représente un tiers de la sole totale irriguée.
Les usages agricoles de l’eau devront être à l’avenir encore plus justifiés et économes. Coops et négoces cherchent ainsi à développer le pilotage de l’irrigation.
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6,8 % de la SAU nationale est irriguée (données RGA 2020), soit plus de 1,8 Mha, le maïs pesant pour un tiers de ces surfaces. Avec le changement climatique, nombre d’acteurs agricoles estiment que les besoins en irrigation devraient augmenter et de nouvelles régions pourraient être amenées à irriguer. C’est pourquoi l’objectif du Plan eau de réduire de 10 % l’ensemble des prélèvements d’eau en France ne devrait pas concerner l’agriculture, selon le ministère de l’Agriculture. Le maintien des prélèvements agricoles est en effet censé couvrir d’éventuels nouveaux besoins en irrigation ; ce qui implique quand même des économies d’eau à réaliser pour les usages existants.
15 à 20 % d’économie
D’ailleurs, ce même Plan eau prévoit une enveloppe de 30 M€ pour soutenir des pratiques agricoles économes en eau, telles des filières peu consommatrices d’eau ou des équipements de type irrigation au goutte-à-goutte qui permettrait, selon l’Inrae, jusqu’à 30 % d’économie d’eau en grandes cultures. Rappelons également que depuis début mars, un guichet est ouvert dans le cadre de France 2030 pour subventionner l’achat d’équipements innovants accompagnant l’optimisation de la ressource en eau : des outils de pilotage de l’irrigation y sont éligibles, tels ceux d’Isagri et de Sencrop. Des fonds Feader existent aussi pour des investissements en systèmes d’irrigation plus économes.
Une irrigation mieux pilotée pourrait en fait générer jusqu’à 15-20 % d’économie d’eau. Chez Océalia, en Nouvelle-Aquitaine, son responsable service Innov’Agro, Kévin Larrue, estime pouvoir faire gagner avec le pilotage de l’irrigation « en moyenne 40 à 60 mm d’eau. Le niveau de gain dépend en fait de la pratique initiale de l’agriculteur ». Ce groupe coopératif souhaite développer les surfaces pilotées qui se montent actuellement à 6 000 ha. Mais ce développement ne semble pas si simple sur le terrain. Nicolas Pugeaux, du Naca, reconnaît que « les négoces vendent difficilement, auprès de leurs agriculteurs, les solutions de pilotage avec des sondes ». À la coopérative Scael, « ces outils sont aujourd’hui encore assez peu développés sur notre territoire », avance Florent Babin, directeur adjoint du pôle agricole.
Une marge de progrès
Il existe donc une certaine marge de manœuvre pour faire progresser les pratiques avec un OAD simple comme Irré-Lis, modèle de bilan hydrique en grandes cultures conçu par Arvalis (lire p. 38), ou des offres avec des sondes mesurant l’humidité du sol (tensiométriques, capacitives) proposées par des opérateurs comme Isagri, Sencrop ou Weenat. Ainsi, Isagri distribue pour Agralis, qui en a l’exclusivité en France, la sonde capacitive Sentek (société australienne). Une appli accompagne cet outil et permet, depuis un tableau très visuel, d’adapter les apports selon la zone où se situe la courbe du niveau de teneur en eau du sol : asphyxie par manque d’air (sols gorgés d’eau), confort hydrique et stress hydrique (irrigation à déclencher).
De son côté, Weenat propose, outre ses stations agrométéo, des sondes tensiométriques et des sondes capacitives. Sur l’appli dédiée, l’irrigant peut suivre également l’évolution de l’état hydrique du sol pour lancer ou non l’irrigation. Weenat fait partie des opérateurs qui peuvent désormais distribuer Irré-Lis, Arvalis ne souhaitant plus gérer son interface afin de se concentrer sur son cœur de métier de R & D. À l’avenir, « des projets en cours devraient rendre nos solutions encore plus faciles d’accès », complète Pierre Giquel, de Weenat.
Toucher plus d’agriculteurs
Pour sa part, Sencrop, souhaitant proposer un dispositif plus accessible en termes de prix, a lancé en 2022 le capteur d’irradiance Solarcrop, qui « mesure le rayonnement solaire dans un rayon d’action de 10 à 15 km », explique son DG, Martin Ducroquet. Couplé aux stations Raincrop et Windcrop, dans le pack Irricrop, ce capteur permet de calculer en temps réel l’ETP et de générer le bilan hydrique de la parcelle. Sur le terrain, cette nouvelle offre trouve écho en raison de son coût, 350 €, trois fois moins élevé qu’une sonde. Ainsi, chez Océalia, « comme tous nos agriculteurs irrigants ne veulent pas s’abonner à notre offre avec les sondes Sentek, notamment pour des raisons de coûts, explique Kévin Larrue, nous avons alors formulé un service de pilotage de l’irrigation par le bilan hydrique, avec Solarcrop moins onéreux ». De même, la coopérative Scael a référencé il y a trois ans deux offres, Météus et Solarcrop, pour équiper ses irrigants. Avec Sencrop, elle peut toucher alors un public plus large. Quant au choix des sondes capacitives Météus, il a été motivé par le fait que « le sujet de l’irrigation n’est pas notre cœur de métier, avance Florent Babin. Nous voulons des solutions fiables et efficientes avec un support réactif, comme l’est l’équipe Isagri, pour nous assurer de renforcer notre relation avec l’adhérent. »