« Libérer le champ des possibles pour continuer à exporter »
Mercredi 19 mars, Intercéréales a convié l’ensemble des acteurs de la filière céréalière à Paris pour insister sur l’importance de l’État et de la fluidification des échanges afin de maintenir le dynamisme à l’export.
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« Pour exporter, il faut un ancrage solide dans nos territoires, a affirmé Benoît Piétrement, président d’Intercéréales, en introduction de la 16e matinée Export, organisée par l’interprofession, mercredi 19 mars, à Paris. C’est pourquoi il faut libérer le champ des possibles pour continuer à produire et à exporter. » En 2024, la filière a exporté 25,3 Mt de céréales, générant un chiffre d’affaires de 6,8 Mds€.
Un outil de réassurance
En présence de Laurent Saint-Martin, ministre délégué en charge du commerce extérieur, Benoît Piétrement est revenu sur l’importance de la signature d’un accord, fin février au Sia, autour d’un dispositif de dérogation pour la sécurisation des contrats commerciaux d’exportation de céréales françaises, à destination de l’Égypte et de la Tunisie, en supprimant le plafond par opération.
Cette facilité de réassurance couvre des opérations allant jusqu’à 125 M€ vers l’Égypte et 30 M€ vers la Tunisie. Selon la publication de la Direction générale du Trésor en date du 27 février, la dérogation est valable pour les acheteurs publics : le Gasc en Égypte et l’OTC en Tunisie, ou tout « autre entité souveraine en charge de l’import de céréales ». En l’occurrence, le Gasc vient d’être remplacé par l’agence Mostakbal Misr, opérant sous la supervision de l’armée égyptienne.
« À travers cet outil de réassurance Cap Francexport, l’État couvre le secteur agricole, a rappelé Laurent Saint-Martin. Il complète l’offre des assurances des crédits privés et permet, via une couverture de réassurance, de garantir les exportations de produits agricoles français vers des pays non membres de l’OCDE. Les exportations de céréales demeurent un pilier de notre commerce extérieur et doivent le rester. »
Pour Benoît Piétrement, ce dispositif est une « première marche » qui devra être complétée par « l’extension du dispositif à d’autres destinations ». Convaincu que cet accord est un « véritable outil d’accélération de l’export pour la filière », le ministre s’est engagé à « travailler à de nouvelles destinations, dès que nous aurons un peu de recul ».
Mohammed Sadiki, ancien ministre de l’Agriculture au Maroc, a évoqué son souhait que « la France devienne un partenaire encore plus stratégique du Maroc pour l’importation de blé et de céréales », avec une collaboration scientifique renforcée.
Une « mondialisation bien là mais moins heureuse »
La question de la taxation des engrais russes reste un sujet de divergence, le gouvernement français ayant voté « pour » cette décision. Le ministre a tenu à rassurer la filière en affirmant que « la Commission européenne s’est engagée à réagir de manière appropriée en cas de déstabilisation du marché des engrais européens ».
Enfin, Thomas Gomart, historien et directeur de l’Institut français des relations internationales (Ifri), a évoqué l’importance du « maillage européen » pour faire face aux incertitudes géopolitiques dans une « mondialisation toujours bien là, mais moins heureuse et plus plastique ». Face aux évolutions externes, l’UE, « qui représente 17 à 18 % du PIB mondial, contre 1 % pour la France », doit, selon lui, réfléchir à « la régularisation ou la dérégularisation de ses échanges ».
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