Au cœur de la recherche de Corteva Agriscience
À l’occasion de la finalisation de son processus d’indépendance, Corteva Agriscience a ouvert les portes de son centre de recherche dédié aux semences de Johnston, dans l’Iowa, à la presse internationale.
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Le 1er juin 2019, Corteva Agriscience est officiellement devenue indépendante. Le 4 juin, elle a même fait son entrée en bourse après une cérémonie à la New York Stock Exchange. « Corteva Agriscience est là, et nous sommes engagés à être un nouveau type d’entreprise dédiée à l’agriculture. Nous allons être une entreprise qui va changer l’agriculture et construire son futur », s’est félicité Jim Collins, CEO de Corteva Agriscience. « Avec les forces combinées de Dow et DuPont, nous avons l’un des plus puissants pipelines d’innovation », appuie Igor Teslenko, président Europe. Les activités de Corteva reposent sur trois piliers : les semences, la protection des cultures et le digital. L’objectif est d’apporter des « solutions complètes à tous les agriculteurs, de la semence aux champs », déclare Neal Gutterson, directeur technique de Corteva. Et pour les développer, la firme s’appuie notamment sur ses 150 sites de recherche dans le monde.
À l’occasion de son entrée en bourse, elle nous a ouvert les portes de son campus « à l’américaine » de Johnston, dans l’Iowa, dédié aux semences.
Crispr pour aller plus vite dans l’innovation
Dans ses labos dernier cri, les scientifiques de Corteva créent les variétés de demain. Ils travaillent notamment sur la technologie Crispr, une des fameuses NBT (pour new breeding techniques) pointées du doigt en Europe. C’est un outil d’édition du génome, souvent appelé « ciseau génétique ». « Avec Crispr, on cible une séquence du génome qui nous intéresse, on coupe l’ADN à cet endroit précis, et on peut introduire une séquence provenant d’un autre génome de la même espèce, nous explique simplement l’un des chercheurs du site. Les mutations induites pourraient donc se produire dans la nature. Avec Crispr, on provoque et on accélère leur apparition, et on obtient de nouvelles variétés en seulement quelques mois. » Les nouvelles variétés issues de Crispr ne sont donc pas considérées comme des OGM par Corteva, puisque les gènes introduits proviennent de la même espèce que la plante modifiée. Les nouvelles cellules obtenues sont mises en culture en laboratoire. Les plantules les plus prometteuses sont ensuite testées en serres.
Sur son site de Johnston, les serres de Corteva s’étendent sur 2 ha. Maïs, blé, soja, tournesol ou encore riz y sont cultivés. Derrière les serres, bien à l’abri, nous découvrons un enchevêtrement de tapis roulants (ici, «no camera») où défile sans répit un nombre incalculable de plants de maïs. « Chaque plant de la serre est identifié et passe à ses différents stades de croissance dans une sorte de gros appareil photo, commente l’un des chercheurs spécialisés en statistiques, ce qui nous permet d’avoir des mesures pour un large panel de paramètres. » À intervalle de 15 secondes, chaque plant est ainsi analysé sous toutes les coutures. Les mesures obtenues permettent aux scientifiques de prédire les performances des plantes en conditions réelles et de sélectionner les meilleurs plants qui seront testés dans les parcelles d’essais. « La performance d’une variété dépend de son contexte de culture, on les teste donc dans différentes régions », nous explique-t-on.
Maïs et soja Crispr dans les tuyaux
Avec Crispr, Corteva souhaite développer des semences pour des variétés à plus haut rendement, résistantes à certaines maladies, au stress hydrique, ou encore des productions avec de meilleures qualités nutritionnelles. Son maïs waxy issu de cette technologie, avec un meilleur rendement et une meilleure résistance au stress hydrique, est d’ailleurs déjà commercialisé dans certaines régions du monde et de façon très contrôlée par Corteva. « Nous en sommes encore à une commercialisation pilote, mais l’objectif est d’arriver sur le marché mondial à court terme. Nous avons déjà les autorisations dans beaucoup de pays », détaille Neal Gutterson. Actuellement, la firme travaille sur un autre gros projet : un soja avec un taux élevé d’acide oléique et une faible teneur en acide linoléique pour répondre à la demande d’une huile plus saine.
En s’appuyant sur Crispr, mais également sur des biotechnologies plus classiques, Corteva Agriscience affirme que, dans les cinq années à venir, une nouvelle semence issue de la biotechnologie sur trois qui arrivera sur le marché mondial, notamment des OGM, sera la sienne.
Lucie Petit
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