Jeunes agriculteurs Chouchoutez-les !
S’installer en agriculture est courageux, au vu des défis à relever dans un contexte d’agribashing et de gestion des risques qui en ferait hésiter plus d’un. Pour nos 13es Rencontres, dix participants ont débattu de l’enjeu de l’accompagnement des jeunes agriculteurs. Coopératives et négoces, qui sont attendus sur ce sujet par les jeunes eux-mêmes, y ont toute légitimité.Par Hélène Laurandel — Photos : Cédric Faimali
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Le renouvellement des générations, thématique certes récurrente, est une actualité de plus en plus prégnante en agriculture. Le monde agricole est à la croisée des chemins avec des modèles en mutation et des installations hors cadre familial qui pourraient s’amplifier pour compenser le recul des reprises familiales, sauf si on privilégie fortement l’agrandissement des exploitations. Selon la pyramide des âges inspirée des données 2018 de la MSA (voir infographie ci-dessus), dans les cinq ans à venir, un bon tiers des agriculteurs auront 62 ans et plus et sont susceptibles de lâcher leur exploitation. À dix ans, on monte à 50 % des exploitants. À ce jour, un départ sur deux ou trois est remplacé. Quelques rares départements affichent un ratio d’une installation pour un départ.
Nouvelles dispositions des aides
Ce ratio est d’ailleurs un des objectifs qui motivent la refonte du programme d’aides aux jeunes agriculteurs, la dernière datant de décembre 2017, avec la suppression des prêts bonifiés « devenus inopérants en zone de plaine du fait de taux supérieurs à ceux du marché », est-il expliqué dans le Guide de l’installation des jeunes agriculteurs (Éditions France agricole). En contrepartie, la DJA (dotation jeunes agriculteurs) a été renforcée pour atteindre, selon ce guide, un montant moyen de 27 000 € en 2017, soit 5 000 € de plus qu’en 2015.
Trois ans auparavant, la loi d’avenir pour l’agriculture de 2014 avait modifié le dispositif d’accompagnement à l’installation, en donnant autorité à la Région pour la mise en œuvre de ce dispositif afin de mieux coller au terrain. De nouvelles dispositions ont été validées, notamment la majoration de la DJA pour les projets hors cadre familial. En effet, le hors cadre familial pourrait représenter à l’avenir 50 % des nouvelles installations, contre 30 % à ce jour, si on veut maintenir un même nombre d’agriculteurs. La question du renouvellement des générations d’agriculteurs et de l’installation renvoie à celle des modèles qui prévaudront demain et à celle de la ruralité.
Des partenaires plus attentifs
La recherche de nouveaux profils d’agriculteurs sera probablement à l’ordre du jour à l’avenir. Et cette émergence posera certainement des interrogations en termes d’accompagnement. Les futurs candidats seront-ils de formation agricole ou pas, critère qui conditionne l’accès aux aides, avec l’âge (moins de 40 ans lors de la demande d’aide) et un minimum de surface ou de revenu ou de temps de travail ? Quelles productions vont-ils privilégier ? Auront-ils des besoins en accompagnement et lesquels ? Comment alors les aider à faire de leur projet une réussite durable qui contribue bien sûr à leur subsistance et aussi à la couverture des besoins alimentaires en France (et ailleurs) ? Et sur quel type de structure : reprise d’une exploitation, intégration d’une forme sociétale type Gaec, qui se déploie d’ailleurs tous les ans, ou création (plus rare) ?
Tous ces enjeux sont toutefois de plus en plus conscientisés par l’ensemble des partenaires, à l’image des participants à nos 13es Rencontres d’Agrodistribution du 6 juin dernier, sur le thème de l’accompagnement des jeunes agriculteurs (lire encadré).
D’ailleurs, Benoît Leygnier, du cabinet d’études ADquation, qui présentait notre enquête exclusive réalisée pour l’occasion, a tenu à préciser en préambule que « [leurs] clients, qu’ils soient coopératives ou négoces, fournisseurs, banques ou assurances, [leur] demandent plus fréquemment d’interroger des jeunes agriculteurs ».
Étoffer l’accompagnement
Les échanges générés lors de ces Rencontres ont permis de faire émerger quelques nécessités, dont celle d’un travail plus collaboratif bien en amont de l’installation, celle de former les nouveaux installés malgré un bon niveau de formation initiale souligné par notre enquête ADquation (voir infographie ci-contre), ou encore celle d’élargir l’accompagnement, bien souvent centré sur le financier, à un véritable pilotage technico-économique de l’exploitation. Tout en respectant le besoin d’autonomie dans la prise de décision du jeune exploitant, un incontournable. Avec, en ligne de mire, l’idée de mieux marketer les offres d’accompagnement, pour en faire, pourquoi pas, à l’avenir un critère de choix de son partenaire principal. Coopératives et négoces ont toute légitimité en matière d’accompagnement, s’ils savent se positionner comme des apporteurs de solutions et être à l’écoute des nombreuses attentes de ce jeune public.
Au final, l’essentiel n’est-il pas que le nouvel installé « soit bien dans ce qu’il fait », fait remarquer Martial Pouzet, conseiller à la chambre d’agriculture de Charente ? Surtout dans un contexte où « il est plus difficile de s’installer qu’il y a quinze ou vingt ans », observe Christophe Grison, président de Valfrance. Ce qui n’empêche pas ce public de jeunes courageux de garder confiance dans l’avenir pour plus de 60 % des personnes interrogées lors de notre enquête !
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