Login

Établir le dialogue avec les élus des collectivités territoriales

Coopérer avec le territoire et ses représentants est devenu un enjeu crucial pour le secteur agricole. Afin que le dialogue soit une réussite, voici quelques points essentiels pour vous guider, à partir d’un webinaire de Passion céréales et de l’expérience de Fermes de Figeac, ainsi que d’une initiative de la chambre régionale de Nouvelle-Aquitaine.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Au fil des ans, « le monde agricole devient de plus en plus une minorité en milieu rural. Pour créer de la valeur, il a besoin désormais de créer des liens avec les acteurs territoriaux », remarque très justement Dominique Olivier, ex-directeur de Fermes de Figeac.

Les enjeux du secteur agricole et ceux du territoire se croisent bien souvent. Il est dans l’intérêt des deux parties de tisser des liens et d’en prendre soin. Pour ce faire, il peut d’ailleurs être plus facile d’ouvrir certaines portes que d’autres. C’est l’esprit de l’initiative des chambres d’agriculture en Nouvelle-Aquitaine en voulant fédérer autour de la question climatique (ci-dessous).

L’association Passion céréales a entrepris également de s’investir dans la communication avec les élus et décideurs institutionnels. L’an dernier, elle a envoyé aux nouveaux maires des plaquettes sur l’économie céréalière de leur région en les invitant à rencontrer les acteurs de la filière. « En 2018-2019, nous avions organisé un tour de France des régions avec un évènement régional mobilisant les élus du territoire », ajoute Mathilde Toulet, responsable communication enjeux sociétaux à Passion céréales.

À l’automne dernier, la démarche a été poussée plus loin avec l’élaboration d’un Tuto’com, « Être identifié des élus de son territoire », afin d’aider les professionnels à échanger avec les élus dans une approche coconstructive. Ce webinaire de formation est animé par Agnès Dubois-Colineau, DG d’Arcturus group, spécialisé dans le conseil et l’accompagnement de toute organisation pour défendre ses intérêts auprès des institutions.

Pour se donner alors toutes les chances de réussite dans la construction de liens avec les élus du territoire, voici quelques éléments clés pour guider cette démarche.

1Identifier les décideurs pertinents

La première étape consiste à identifier les décideurs et faire leur analyse en étudiant leur spécialisation, leur couleur politique, leur personnalité. « Il s’agit de choisir l’acteur auquel on va s’adresser pour que son intervention soit la plus utile : il est important en effet d’identifier les compétences de chaque collectivité territoriale et les sujets sur lesquels on peut les solliciter », explique Agnès Dubois-Colineau.

2Communiquer en amont

Avant même d’avoir besoin de rencontrer un décideur, il peut être utile de se faire connaître. Une communication régulière et qualitative est ainsi conseillée par la DG d’Arcturus group. Des informations peuvent être transmises par l’envoi d’une newsletter ou d’un journal d’entreprise. On peut d’ailleurs envisager une newsletter trimestrielle qui, tout en restant simple, reprend l’actualité de la coopérative ou du négoce avec, notamment, des informations sur l’emploi et les offres qui pourraient intéresser les habitants de la commune ou de la communauté de communes. Le jour où l’entreprise veut rencontrer un élu pour traiter d’un vrai problème, celui-ci sera censé déjà la connaître quelque peu.

3Respecter certaines règles

Agnès Dubois-Colineau alerte toutefois sur certains points de vigilance : bien jouer la transparence sur les raisons qui motivent la prise de contact avec le décideur, éviter toute familiarité et ne pas tomber dans la sursollicitation. « Il ne faut pas confondre la constitution d’un réseau avec son utilisation. Sursolliciter un élu peut devenir contre-productif. »

Par ailleurs, si une organisation est très active, rencontrant souvent des décideurs pour essayer d’influencer une décision publique, elle peut être amenée à devoir s’inscrire dans le répertoire des représentants d’intérêts. Ce répertoire numérique a été instauré depuis le 1er juillet 2017, par l’article 25 de la loi Sapin II du 9 décembre 2016.

Si une personne de l’entreprise consacre plus de la moitié de son temps, sur une période de six mois, à des actions de représentation d’intérêts (ce que l’on nomme aussi lobbying) ou si elle a réalisé plus de dix actions d’influence au cours des douze derniers mois, cette personne est définie par la loi comme un représentant d’intérêts. La Haute autorité pour la transparence de la vie publique propose d’ailleurs un test en ligne pour savoir si on entre dans ce cadre ou pas.

4Coopérer à travers des projets

L’expérience de Fermes de Figeac (lire ci-contre) amène son dirigeant, Guillaume Dhérissard, à conseiller de « privilégier les projets pour développer le lien avec les élus du territoire ». Ainsi, l’entreprise du Lot a pris des parts, aux côtés d’élus, dans une Scic pour relancer la plantation de vignes. Elle souhaite œuvrer aussi avec les collectivités dans le domaine de l’alimentation en étant actrice d’un futur PAT (Plan alimentaire territorial).

Pour Guillaume Dhérissard, « ceux qui arriveront à faire du lien via le territoire, sans opposer les modèles, en adoptant la culture du et et non du ou, auront un bel avenir devant eux ». Les nouvelles générations d’agriculteurs, voulant vivre comme leurs voisins, auront-elles alors plus de facilité à créer ces liens ? « C’est possible, à condition toutefois qu’elles soient formées aux projets collectifs et à la coopération entre acteurs. »

Hélène Laurandel

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement