Un entretien qui tourne court
MERCREDI 10 NOVEMBRE AU SIÈGE DE NÉGOCAGRI
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Ras-le-bol ! Technico-commercial chez Négocagri depuis trois ans, Matthieu en a assez des objectifs toujours plus élevés, des journées qui n'en finissent pas, et du patron qui joue au " petit chef ". Certes, à 26 ans, Matthieu n'a pas à se plaindre de son salaire et il hésite avant d'aller voir ailleurs. Mais Céline, sa compagne depuis un an, a du mal à comprendre ce rythme de travail. Comptable dans un centre de gestion, son métier lui laisse du temps pour ses loisirs et sa famille
Cela tombe bien, Matthieu a aujourd'hui un entretien avec son patron et il compte tout remettre à plat. Mais Bernard, le gérant de Négocagri, tombe dans le catastrophisme : " L'agriculture traverse une mauvaise passe qui a des répercussions sur notre chiffre d'affaires. Cela nécessite une implication totale du personnel si nous voulons sauver l'entreprise. "
Matthieu se veut compréhensif, mais quand même ! Il met en avant ses nouveaux clients pris à la concurrence, les rendez vous techniques qu'il a instaurés sur le terrain, la confiance que lui accordent les agriculteurs. Il a choisi ce métier pour les contacts, pour son autonomie et la possibilité de gérer son temps. Mais Bernard lui parle de tableaux de bord, d'objectifs et de parts de marché !
Lui aussi se dit débordé, et les réunions avec l'équipe de cinq TC sont de plus en plus espacées. Pourtant, lors de ces réunions, Matthieu apprécie d'échanger avec ses collègues pas seulement autour du café du matin, mais aussi pour faire remonter les remarques des agriculteurs. Il a encore en tête une erreur sur une facture et les retards de livraison des engrais. " De toute façon, en cas de problème chez un client, tu peux t'adresser à moi et je m'en occupe aussitôt ", rappelle Bernard.
Matthieu fait une ultime tentative en demandant un allégement de son portefeuille de clients, afin de respirer un peu. La réponse de Bernard est sans appel : " Cela supposerait d'embaucher un autre TC, ce qui est impossible dans la conjoncture actuelle. Mais je suis bien conscient que je t'en demande beaucoup et je suis prêt à faire un effort côté salaire. "
Cette fois, c'est décidé, Matthieu ira voir ailleurs.
Jean-Claude Ballandonne
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