Fan de semences

"Je suis tombée carrément amoureuse de ce métier. " Pourtant, à 18 ans, avec un bac littéraire en poche, Laurence Carré rêvait de faire des études de droit ! Mais une situation familiale inattendue l'oblige à prendre son autonomie financière et à chercher du travail. Elle rentre alors pour un job d'été au laboratoire de la station de semences de Coop-Can, à Caen. Fille de restaurateurs, elle ne connaît rien à l'agriculture, mais c'est le début d'une passion et la coop normande accepte de la garder. Très vite, elle se forme au métier de technicien pour aller en culture contrôler les parcelles de multiplication et obtient, par l'alternance, le brevet de technicien supérieur. " A l'époque, j'appréciais beaucoup l'autonomie de ce poste, le contact avec la nature, les agriculteurs, se souvient Laurence Carré. Et le fait d'être une femme n'a pas été un obstacle. Tout s'est fait naturellement. "

Nouveau départ

En 1991, Coop-Can reconnaît son savoir-faire en lui confiant le poste de responsable de production. Puis, vers la fin des années quatre-vingtdix, la fusion de Coop-Can, Orcal et Agralco au sein d'Agrial, se profile. Obsolète et trop proche de la ville, la station de Caen ferme ses portes. Son activité est transférée à quelques kilomètres dans la station de Saint-Sylvain, propriété d'Orcal et d'Agralco. En 2000, Laurence Carré fait un " break " de dix mois pour la naissance de son troisième enfant et recharge ses batteries pour un nouveau départ dans la jeune coopérative Agrial. Elle organise la fusion du réseau d'agriculteurs multiplicateurs et assiste le directeur de la station, Jean Gallot : " Cette fusion s'est bien passée, car nous n'avons pratiquement pas perdu d'adhérents. " Elle suit également durant six mois la formation pour obtenir l'habilitation de responsable de laboratoire de semences. Celleci lui permet de prendre en 2003, la responsabilité de la production, du laboratoire et de la qualité à la station de Saint-Sylvain.

Animatrice de la commission production de l'UFS

Puis en 2006, à l'occasion du départ à la retraite de Jean Gallot, Laurence Carré le remplace à la direction. " J'avais un travail essentiellement technique. Sont venus s'y ajouter l'encadrement de l'équipe de treize personnes, le compte d'exploitation à gérer et les représentations à l'extérieur. " Prévue initialement pour 40 000 q, la station de Saint-Sylvain a atteint sa capacité maximum de production avec 200 000 q de semences par an, en majorité des céréales, dont la moitié pour Agrial et l'autre moitié pour Nickerson, Semences de France et Saaten Union. Trois cents agriculteurs multiplicateurs assurent son approvisionnement.

Laurence Carré anime également la commission production " céréales à paille " de l'Union française des semenciers (UFS) : " Avec une dizaine de responsables, nous travaillons sur le fonctionnement de la production : la réglementation, l'agrément des laboratoires, la norme poussières, le traitement des semences… C'est du temps que l'on donne, mais aussi un travail en équipe avec un retour d'informations. " Ces réunions régulières à Paris ne l'empêchent pas de rester proche du terrain. " Je vais encore chez les agriculteurs contrôler des parcelles. Je tiens à garder les pieds dans mes bottes, assure-t-elle. J'ai un métier qui me permet beaucoup de contacts et chaque année est différente. Chaque fois, il faut se remettre en question. "

Jean-Claude Ballandonne