A coeur vaillant...
Fouzia Smouhi, 50 ans, a un parcours professionnel émaillé de rencontres fortes. Celle qui a incarné pendant dix ans le GIE CRC est désormais à la tête de Cérévia.
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«A coeur vaillant, tout est possible », lui répétait à l'envi son père pour paraphraser la fameuse expression. « C'est le rêve qui nourrit les ambitions », lui inculque de son côté sa mère. Visiblement, Fouzia Smouhi en a pris de la graine. Elle n'est pas de celles qui s'arrêtent au premier obstacle venu. « C'est une sacrée nana », nous livre son ancienne patronne, Catherine Racle, des Ets Bresson. « Ce qui m'a toujours épatée, c'était de voir se démener cette femme, de surcroît d'origine marocaine. Il y a eu quelques grincements de dents au début, mais son professionnalisme et son charisme l'ont emporté. » Sa passion, son énergie séduisent ses interlocuteurs.
Prendre le meilleur des autres
« J'aime le monde agricole et ses valeurs : le travail, le réalisme, le respect de la parole donnée, l'absence de dénigrement des autres. » Son rapport avec la terre est presque charnel. « Chez moi, je jardine pieds nus, je peux en oublier de manger. » Sa madeleine de Proust : l'odeur de la terre, des animaux. « Les odeurs m'emportent. Avant de manger le pain, je le sens. » Cela lui rappelle sans doute aussi son enfance au Maroc, où petite, elle s'amusait dans les tas de blé. Il faut dire qu'avec un père directeur de coop, elle est tombée dans la marmite des céréales très jeune. On la voit toujours avec le sourire, et l'on perçoit très rapidement sa sensibilité. « Mais elle arrive toujours à la mettre en arrière-plan de sa forte personnalité », corrige Catherine Racle. Un caractère bien trempé donc ? « Je n'aime pas les tabous, les non-dits. Les choses, je les dis comme je les pense. Cela peut être interprété comme de la naïveté. » « Votre naïveté, elle vous sert », lui a rétorqué un jour celui qui lui a proposé de venir au GIE CRC, Alain Peretti. Cet ancien directeur de Capserval l'a marquée. Fouzia Smouhi s'est d'ailleurs toujours appuyée sur des rencontres fortes pour construire son parcours scolaire et professionnel. Ainsi, une fois sa licence de biologie en poche au Maroc, elle choisit de passer sa maîtrise de SVT à Dijon, car elle y croise un professeur qui la touche par son humanisme. « J'aime les gens, les connaître, je n'aime pas avoir d'à priori. J'aime me forger mon opinion par moi-même. Et si je suis déçue, tant pis, je n'en garde que le positif. » Prendre le meilleur des autres et donner le meilleur de soi-même.
Sa méthode : la coconstruction
Des relations si intenses qui la font longuement hésiter à chaque changement de poste. Des Ets Bresson, elle en garde « une très bonne école, un esprit qui me correspondait ». D'Etienne Henriot, président du GIE CRC, elle loue la sagesse en personne. Lequel le lui rend bien : « Elle a donné beaucoup, le GIE a grandi lors de cette décennie. »
Celle qui a incarné pendant dix ans la filière CRC tourne donc une nouvelle page. Mais à l'union de commercialisation Cérévia, Fouzia Smouhi ne compte pas rester dans son bureau. Ce qui la motive, c'est de mobiliser les compétences des uns et des autres au service de l'excellence française. Sa méthode de travail ? La coconstruction. « J'ai envie de partager ma connaissance et en même temps d'apprendre auprès des autres. Le partage, ça nous élève tous. » Déjà chez Bresson, elle prenait grand plaisir à faire la moisson ou à tourner avec les chauffeurs. Aujourd'hui, elle se balade toujours dans la campagne. « Un jour, j'aurai une ferme avec des animaux », laisse-t-elle échapper. A coeur vaillant, rien d'impossible...
Renaud Fourreaux
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