De PDG à startuper
Alain Duran, 61 ans, est cofondateur de la start-up Eqo, après avoir créé, puis vendu, son propre négoce.
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Avec sa barbe poivre et sel et ses 61 printemps, Alain Duran n'a pas vraiment le look du startuper. Et pourtant ! C'est l'un des trois cofondateurs, avec sa fille Audrey Duran et un ancien collègue, Bernard Bourde, d'Eqo. La jeune entreprise propose un système innovant de conditionnement de l'eau pour les traitements phytosanitaires, en travaillant sur la déminéralisation, le pH, la conductivité et la température. Et Alain Duran n'en est pas à son coup d'essai : il avait déjà monté un négoce agricole de toutes pièces, passant d'un préfabriqué à trois, à une entreprise de 46 collaborateurs. Et le tout en étant double actif, ce fils d'agriculteur cultivant 420 ha, en Gaec avec son frère, depuis 1992.
Retour en 1980 : son BTS en poche, Alain Duran est embauché à la coop du coin, Silos Vicois (aujourd'hui dans Vivadour). Il y passera trois ans en tant que TC, avant de devenir directeur commercial. En 2000, il est pris d'une « envie de changement ». Et pas question de faire les choses à moitié : il démissionne et monte avec son épouse et un spécialiste de l'irrigation, son propre négoce, OGR. Une anagramme ? « C'est toujours resté un mystère », sourit Audrey Duran. « OGR, pour On Gagne Rien ! », plaisante son père.
Du préfabriqué aux onze sites
En réalité, le négoce a été un beau succès. « Nous avons commencé en louant 130 m² chez un transporteur, avec un préfabriqué pour les bureaux », raconte Alain Duran. « Et petit à petit, ils ont racheté les locaux », complète sa fille. Les trois associés sont bientôt rejoints par un technicien de la coopérative, et proposent engrais, phytos, semences et matériel d'irrigation. Entre la reprise de dépôts fermés de coops et le rachat de deux négoces, OGR a poursuivi son expansion. « Je ne voyais pas la croissance avec le rachat, nuance l'ex-PDG. C'était des opportunités. Je préfère ouvrir un dépôt et partir de rien. » En 2013, OGR comptait 46 salariés, 11 sites de collecte, trois d'appros, pour 79 M€ de chiffre d'affaires et 130 000 t de collecte. « OGR, cela a été beaucoup de travail et surtout, beaucoup de chance d'avoir été entouré de gens extraordinaires », livre Alain Duran qui a dû céder son entreprise en 2013 pour des problèmes de santé. « Il a fallu trouver des solutions rapidement », se souvient Audrey Duran. OGR est ainsi vendu à Terres de Gascogne (dorénavant Val de Gascogne) et Alain Duran se consacre alors entièrement à l'exploitation familiale. Mais l'histoire ne s'arrête pas là : Audrey, sa fille, titulaire d'un master en entreprenariat, est en réflexion pour se reconvertir professionnellement. En parallèle, Alain se penche sur le traitement de l'eau pour les traitements phytos, sans rien trouver de satisfaisant, et Bernard Bourde, TC chez OGR, travaille sur les solutions alternatives. « Tout s'est combiné au même moment », résume Audrey Duran. Et c'est ainsi qu'est née Eqo. Elle poursuit : « On a regardé ce qui se faisait sur le marché et rédigé un cahier des charges précis. Ensuite, on a travaillé avec un cabinet d'ingénierie pour conceptualiser et monter l'unité », qui est commercialisée depuis maintenant un an. Une vingtaine d'Eqo Modul sont déjà installés dans des exploitations. A la clé, une optimisation des traitements phytosanitaires, sécurisant les phases sensibles, et permettant une baisse des IFT (indices de fréquence de traitement). « Les agriculteurs accrochent bien », estime Alain Duran. Et le startuper a de l'expérience en la matière !
Marion Coisne
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