A bout de souffle
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HAFFONT-LA-KES
Maxime n'en peut plus. Il sort d'une réunion de deux jours de lancement de campagne en semences de céréales à paille et de phytos, la tête pleine de nouveaux produits, de détails techniques et de recommandations diverses et variées. Sans parler des remontrances de leur chef de région car la campagne de fertilisation lancée deux mois plus tôt, encore en cours, n'a pas porté les fruits escomptés.
Trop c'est trop. Le jeune technico-commercial de 27 ans soupire, désabusé et fatigué d'un rythme effréné depuis plusieurs semaines. Les visites s'enchaînent.Là-dessus, s'ajoutent les tours de plaine et aussi la participation à des campagnes d'appel téléphonique pour vendre de l'urée.« Je n'ai plus le temps de rien », confie-t-ilà son collègue Bertrand tout aussià bout de souffle que lui. « En plus, il faut lancer le nouvel OAD en phytos, préparer des contrats pour la nouvelle filièreen meunerie. Ils vont nous faire péterun câble », enchaîne Bertrand,qui à 45 ans commence à être usépar un métier qu'il adore pourtant.
Le lendemain après-midi, arrivé au Gaec des Biquettes, Maxime fait le point avec un des agriculteurs associés, Michel, sur les futurs emblavements en blé tendre d'hiver. « Tu ne proposes pas la variété BelleMie, comme ton concurrent passé ce matin ? Elle a pourtant une belle carte de visite. » C'est en bredouillant que Maxime répond, « heu, si, j'en ai entendu parler hier à la réunion commerciale, mais je n'ai pas eu le temps de relire la fiche et de tout enregistrer dans ma tête ». Michel le regarde en soupirant. « Dommage pour toi car ton concurrent a une offre super intéressante et propose même une prime si je bosse en contrat avec lui. » Déconfit, le jeune TC repart la mort dans l'âme, n'ayant pu placer que 30 ha de blé sur les 70 cultivés.
Le soir, croisant son supérieur, il lui conte sa déception. « Tout va trop vite, nous n'avons pas encore terminé avec l'azote que nous devons ingurgiter en quelques heures la prochaine campagne commerciale. » Caressant sa barbe naissante, son chef soucieux réplique alors : « Tu n'es pas le premier à m'en faire la remarque. Je concède que le rythme s'accélère et que vous avez trop d'informations à assimiler. Je vais en parler avec mes collègues. »
Hélène Laurandel
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