ou la vraie (sur)vie d'un technico-commercial Culture geek or not geek
JOURNÉE BIG DATA, À LA PAUSE
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Laurent sort en sifflotant de la réunion nationale des TC de son entreprise. Souvent qualifié de geek par ses collègues, il a enfin un nouveau projet big data à proposer aux éleveurs, à partir de leurs propres données ! « Tu ne trouves pas que c'est un peu la boîte à tout faire cette histoire », lui demande Jean-Michel. « Oh non, pas du tout, réplique Laurent, quasiment en train de sautiller de joie. Au contraire, on va pouvoir creuser les choses, fournir un conseil bien plus pertinent, ne pas louper d'éléments. » « Et bien moi, je m'en tiendrai aux visites classiques. Je te laisse tous les geeks, trop de temps à passer à chaque fois », soupire Jean-Michel.
« Tu devrais t'y mettre, tu sais. Imagine que tu puisses apporter plus d'infos, tu vendrais forcément plus d'aliments ou de semences ou de produits, enfin je ne sais pas moi, plus de services en tout cas », poursuit Laurent. « Pas sûr, rétorqueJean-Michel. Je ne suis pas sur la même zone que toi, les jeunes sont moins nombreux. Tout ça, c'est compliqué.On a déjà du mal à utiliser toutes les données du robot de traite. »
« Ça, c'est sûr, il y en a de la donnée dans nos exploitations, répond Laurent. Et c'est sans compter les podomètres, les détecteurs de vêlage et même les données de gestion parcellaires... » Il en saliverait presque. « OK, je comprends, mais crois-tu que nous puissions réellement fournir un conseil pertinent, alors que les éleveurs ont plus de savoir que nous ? », s'interroge Jean-Michel
Les deux collègues se dirigent vers le buffet et y rencontrent Julien, 22 ans, qui attend un café. « Toi, tu es comme Laurent, tu jubiles non ? », l'interpelle Jean-Michel. « Ben non, pourquoi ? », s'étonne le jeune. Les deux TC lui expliquent leurs positions respectives. Julien, un peu impressionné quand même, n'est pas très sûr de la conduite à tenir. « Vous pensez qu'onaura facilement le consentement des agriculteurs pour collecter leurs données ? », demande-t-il prudemment.
Laurent et lui entament une estimation du nombre de leurs clients à qui ils pourraient proposer ce nouveau service. « 10 % dans un premier temps je pense », chiffre Laurent. « Je ne vais même pas essayer, finit par lâcher Jean-Michel. Je suis à la retraite l'an prochain. Je vais juste vous regarder faire. »
Yanne Boloh
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