Login

Cuissot contre infos

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

1ER MARS 2018,À JOUÉ-CHOU-BLANC

Cet après-midi, la météo est si clémente que Jonathan, technico-commercial chez le négociant Agrisuper, se retrouve à chercher ses lunettes de soleil dans la boîte à gants. Si parcourir la campagne par ce temps est loin d'être désagréable, le phénomène l'inquiète. L'hiver a été doux et la nature s'en est donnée à coeur joie : les bourgeons sont de sortie, et le blé a déjà bien poussé.

Or, un gros épisode de gel avec des températures en chute libre est prévu pour la semaine à venir. L'agriculteur qu'il s'apprête à voir cultive d'ailleurs une belle sole de céréales. Mais ce n'est pas pour cela qu'il passe : son client, qui conduit aussi un atelier en bovin allaitant, a refait ses stocks d'aliments, mais pas chez lui...

En arrivant dans la cour de la ferme, il s'applique comme à chaque fois à ne pas écraser le chien qui tourne autour de la voiture en aboyant. Jean-Michel, qui gère seul l'exploitation, vient à sa rencontre.

« Bonjour Jonathan, comment vas-tu ? » « La saison de la chasse s'est finie hier, je t'ai mis un cuissot de sanglier de côté », répond le technico-commercial, sortant de son coffre le morceau en question.

Devisant sur la chasse, les deux hommes rentrent dans la maison. Après avoir mis le cuissot au frigo, l'agriculteur l'interroge sur la façon de cuisiner la bête. « Le plus simple, c'est au four, répond doctement Jonathan. Attention, si tu le congèles, pense à le sortir l'avant-veille et à le faire dégeler au frigo. » « Bah, je demanderai à ma femme », commente Jean-Michel en servant le café. Autour de la table, les deux hommes parlent de tout et de rien, de la météo, du dernier article du journal agricole local...

« Tu sais, on a une nouvelle citerne, on y a même mis le nouveau logo », place le technico, l'air de rien, au bout d'un moment. « Ah bon, je ne l'ai pas vue. » « Tu l'aurais vue, si tu avais pris ton aliment chez moi. » Un ange passe, puis la discussion reprend comme si de rien n'était. Jonathan tente de revenir à la charge : « Tu l'as pris chez qui, ton aliment ? » Jean-Michel lui sourit, en proposant : « Tu reveux du café ? » Dépité, Jonathan le remercie : « Cela ira, merci, je dois filer. » Le TC reprend sa voiture, sans cuissot, et en ayant fait chou blanc.

Marion Coisne

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement