Gérer le risque adhérents

Meusienne d'origine agricole, avec une licence en commerce international et une maîtrise en stratégie des entreprises, Carine Folliard, 31 ans, ne s'orientait pas vraiment vers une carrière dans l'agriculture. Mais en 2010 en Lorraine, le Crédit agricole se constituait un vivier de jeunes conseillers agricoles. « La licence et la maîtrise m'avaient donné les bases en comptabilité, relationnel et commercial. J'ai ensuite acquis les compétences du métier bancaire agricole grâce à des formations et des collègues très bons pédagogues, qui m'ont transmis la passion de ce métier et donné l'envie de continuer dans cette voie. »

De la banque à la coop

Deux ans plus tard, elle est débauchée par le CIC pour devenir chargée d'affaires agricoles dans les Vosges et gérer des transmissions, des arrêts d'exploitation, des diversifications. « Ayant moins de clients, je pouvais passer davantage de temps sur chaque dossier. Ce poste nécessitait aussi beaucoup plus d'expertise juridique, fiscale et patrimoniale, et j'ai pu bénéficier d'une formation juridique et fiscale. C'était complètement différent en termes d'épanouissement professionnel. »

Nouvelle orientation fin 2017 : Carine Folliard quitte le milieu bancaire pour la coopération. Après la récolte catastrophique de 2016 qui a entraîné des situations financières compliquées, même sur les grandes exploitations, des rendez-vous communs (chambre d'agriculture, coop, centre de gestion, banque) ont été initiés en Lorraine afin de trouver des solutions pour sortir de la crise. « Dans ce cadre, j'ai côtoyé Chantal Thiebaut, en charge du recouvrement des dettes des adhérents envers la Cal, ainsi qu'Éric Chrétien, son directeur général. » Elle partait en retraite et la Cal recherchait un profil issu du milieu bancaire. « J'avais envie de changer tout en continuant à accompagner les agriculteurs. »

Un métier qui évolue

En novembre 2017, Carine Folliard intègre le service adhérents en tant que chargée du risque adhérents. Si le métier de sa prédécesseur était au départ du recouvrement pur des dettes adhérents, à partir de 2017, il a été nécessaire de le faire évoluer pour répondre au nouveau contexte. « Quand je suis arrivée à ce poste, l'idée était de faire le point complet sur chaque dossier problématique en réalisant une analyse financière pour comprendre la raison de la dette fournisseur. Si on n'analyse pas la situation de façon globale, on ne peut pas bien résoudre le problème de l'exploitation. »

Autre nouvelle tâche : trouver une solution au manque de trésorerie récurrent des adhérents depuis 2016. « La coopérative s'est retrouvée en situation de réaliser leur trésorerie à la place de la banque. Pour reprendre un fonctionnement classique, nous avons signé cet été des conventions avec les banques afin de remettre au goût du jour l'ouverture du crédit récolte. » Les retours des adhérents sont positifs. « C'est vraiment un moyen d'accompagner nos agriculteurs dans la difficulté. » Dans le cas d'exploitations très en difficulté, la jeune femme peut aussi être amenée, en dernier recours, à restructurer la dette envers la Cal.

« L'anticipation est essentielle aujourd'hui à ma mission, qui va encore évoluer. » Ne disposant pas de logiciels bancaires pour avoir une vision globale et rapide de l'exploitation, Carine Folliard doit en effet anticiper les difficultés à venir sur chaque exploitation fragile pour envisager des solutions préventives, ou une porte de sortie quand il est encore temps.

Chantal Urvoy