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Conflit de loyauté

ROY-SUR-CONFLYS, JEUDI MATIN, 8 HEURES

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Les effluves de café embaument la petite pièce qui jouxte les bureaux des technico-commerciaux des Ets Toupourlagri. Jean-François y rejoint Guillaume, pour lui parler du développement des produits de biocontrôle. Ce qui ne l'enchante guère, car il va devoir recadrer son collègue qui délaisse cette gamme.

Jean-François a été promu il y a peu de temps. Son patron l'avait convoqué, pour le féliciter pour ses résultats, son expertise, « et son esprit d'équipe qui insuffle une dynamique positive », pour reprendre les mots de son supérieur. A la suite de quoi, il avait ajouté avec un grand sourire : « C'est pourquoi je te propose de devenir chef d'équipe. » Une création de poste qui s'inscrit dans le cadre d'une réorganisation des équipes commerciales, la direction souhaitant mettre en place un échelon de managers de proximité.

Surpris, mais enthousiaste, Jean-François avait accepté, même s'il appréhendait de l'annoncer à ses collègues le lendemain. A cinq, dans les mêmes âges, ils forment un petit groupe soudé. Si parfois le ton monte, l'ambiance est très bonne, et les apéros après la journée de travail récurrents. Finalement, la nouvelle avait été très bien accueillie, tout le monde l'avait félicité. C'est après que la situation s'est gâtée.

La première fois, c'est quand il avait dû leur annoncer qu'à la suite de la mise en place de la traçabilité phytos, ils allaient devoir changer leurs habitudes au dépôt . Plus question de prendre un bidon en passant avant d'aller voir un agriculteur et de faire vite fait un bon à la main plus tard. Les récriminations avaient fusé : « Pfff, c'est n'importe quoi, encore un truc qui va nous prendre du temps... » Désarçonné, il avait senti qu'il n'était pas convaincant et au fond de lui, il était assez d'accord avec eux.

Les accrochages s'étaient multipliés, a contrario des apéros qui s'étaient espacés. Et hier, son responsable l'a sommé de réagir face au comportement de Guillaume. D'où la discussion d'aujourd'hui, qui comme le craignait Jean-François, se passe mal. « Oh, ça va, tu vas pas me prendre la tête avec ça, c'est des produits galères, tu le sais aussi bien que moi », lui a rétorqué Guillaume, avant de rejoindre son bureau, sa tasse de café à la main.

Marion Coisne

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