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Agronome visionnaire

« Maintenant, on est plutôt là pour faire réfléchir les adhérents. »C. FAIMALI

Mathias Sexe, 48 ans, est directeur agronomie et développement chez EMC2. Passionné, il cherche à anticiper les évolutions du métier.

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Parler de son parcours avec Mathias Sexe, c'est surtout parler d'agronomie. A chaque détour de la conversation on y revient, pour illustrer telle évolution ou expliciter tel champ de progrès. Pas question de se borner à de la technique, la vision est globale, analysant les changements et les possibles. Ingénieur agronome de l'Ensaia de Nancy, avec une spécialité Sciences du sol, Mathias Sexe enchaîne par une année à l'Ecole des mines où il obtient un diplôme de management Génie des systèmes industriels. Puis, direction l'Outremer, pour un poste d'aide technique à l'Inra, pendant deux ans. Il devient ensuite directeur du Lapra (Laboratoire professionnel régional d'analyses), toujours en Guadeloupe, où il dirige durant sept ans une dizaine de personnes.

De la Guadeloupe à Verdun

En 2000, il entre chez EMC2 à Verdun en tant que responsable du service agronomie. Pourquoi ce choix ? « La coopération m'intéressait beaucoup, raconte Mathias Sexe. Et je connaissais EMC2 de réputation : c'est une coop qui a toujours été très à l'écoute des évolutions agronomiques et de ce qui touche à l'agriculture durable. » Trois ans plus tard, il devient directeur agronomie et développement. En dix ans, il a vu le métier changer chez les agriculteurs et en interne. « Quand je suis arrivé, la réduction des intrants était une problématique, mais plutôt économique. » En 2007, le Grenelle de l'environnement a enfoncé le clou. L'agronome martèle : « Plutôt que de subir on veut participer. On veut être reconnu pour nos démarches positives sur la nature. » En 2009, la coop formalise un plan d'action dans ce sens, actant leur participation au BSV, des essais dans le cadre d'Ecophyto... Elle fait aussi la promotion de la certification HVE, avec près de 1 000 adhérents formés depuis 2010. « C'était l'occasion de faire savoir comment les agriculteurs travaillent aujourd'hui, leur maîtrise des impacts sur l'environnement », précise Mathias Sexe.

Le directeur agronomie et développement est aussi président du comité technique de CRD (Céréales recherche développement) depuis 2010. « On travaille des dossiers comme le biocontrôle, les biomolécules, illustre-t-il. L'aspect recherche me passionne. Il faut sortir par le haut avec la notion de progrès, par des techniques innovantes : agriculture de précision, variétés, drones... »

Conseillers demain

Pour aller plus loin que les essais en microparcelles, EMC2 travaille sur des expérimentations longue durée, à l'échelle du système de culture. « Maintenant, on est plutôt là pour faire réfléchir les adhérents, analyse Mathias Sexe, pour mettre en place des solutions personnalisées. C'est une autre manière d'accompagner les agriculteurs. » Cette volonté d'anticiper les évolutions l'a poussé à participer au projet Casdar Conseillers demain de 2010 à 2013. L'objectif ? Réunir des conseillers pour échanger sur l'accompagnement à la réduction des phytos. Parmi la quinzaine de participants, des chambres d'agriculture, un Geda, et une seule coop, EMC2, représentée par Mathias Sexe. « Cela nous a enrichis, nous a permis de prendre du recul. » L'occasion aussi de partager ses expériences entre conseillers : « Nos problématiques sont assez communes, avec des contextes parfois différents. » Une surprise ? « Finalement, la difficulté à concilier des exigences contradictoires n'est pas un problème réservé aux coops, loin de là. »

Marion Coisne

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