Assurer ses arrières...

Il est 7 h. Christophe, TC chez Parepic sort de son pavillon en balançant sa sacoche d'ordinateur. Il sifflote en fermant la porte à clé et en descendant la petite allée vers le trottoir. Mais mince, en cherchant les clés de la voiture de fonction, il fronce les sourcils. Zut et zut, il a oublié : ce matin, la voiture est en révision et il devait passer au dépôt en chercher une autre. Plus le temps, il a rendez-vous à 8 h pour faire un point avec Jean-Marc sur la campagne, et il y a une bonne heure de route.

Finie, la bonne humeur du matin, il repart en courant vers la maison chercher les clés du garage. Tant pis, pour une fois, il va prendre la voiture familiale. Par acquis de conscience, il passe un coup de téléphone au siège. Evidemment, personne ne décroche à cette heure-là.

Hop, du smartphone il envoie un mail à Philippe, le directeur commercial pour l'avertir. Et le voilà parti. Bon, par chance, sa femme Lisa a fait le plein.

Heureusement qu'il n'a pas à présenter d'échantillons, et que tout est sur l'ordinateur. C'est vraiment trop bête d'avoir oublié mais, sans les gamins, la maison était calme hier. Alors il s'est fait un plateau-télé devant le match de foot avec ses deux vieux potes et pff... Complètement oublié de se lever plus tôt.

« Bon, rien n'est perdu puisque je ne suis pas en retard », pense-t-il en s'engageant dans la forêt. Il se reprend même à siffloter. « Quand même, y'a pas photo, la voiture est bien plus confortable que celle de l'usine. »

Mais non, c'est pas vrai !!! Voici qu'une laie et ses marcassins se mettent à traverser. Un, deux, trois... Debout sur les freins, il braque, il contre-braque, mais n'arrive pas à éviter le quatrième petit, encore rayé, qui s'envole en couinant. Et la voiture dans un grand grincement de tôle se retrouve plantée sur le bas côté, heurtant au passage le panneau « Attention traversée d'animaux sauvages », comme une mauvaise blague.

Oh non ! c'est pas vrai, pas vrai... Christophe se passe la main dans les cheveux. Il tourne la tête à droite, à gauche. Bon, au moins je n'ai rien. Enfin, je crois. Il allume ses feux de détresse et sort de la voiture avec son téléphone. En soupirant, il enfile son gilet jaune et compose le 112. Le temps que les secours décrochent, il pense : « Qu'est ce que je vais me faire e... par Lisa. »

Yanne Boloh