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L'Inde chevillée au corps

Michèle Janezic a découvert l'Inde en 1985 et a fini par s'y installer définitivement en 2006 pour aider les entreprises françaises à s'implanter.

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Elle a travaillé dans plus de cinquante pays, mais c'est l'Inde qui l'a conquise. « C'est ici que j'ai aussi le plus d'amis », résume Michèle Janezic. Créatrice de sa propre société de conseil qui intervient principalement pour les sociétés françaises désireuses de s'implanter dans le pays, cette Lorraine d'origine, avec une formation en économie sociale, a connu un parcours plus qu'atypique. Son premier vrai contact avec le pays date de l'année de l'Inde en France en 1986. « J'étais alors chez Schlumberger, en charge du management multiculturel. J'ai travaillé de 1984 à 1986 avec le président Jean Riboud sur la coordination entre les industriels français et indiens. » Forte de cette expérience, elle travaille deux ans avec le ministère du Commerce extérieur, non seulement pour finaliser l'année de l'Inde, mais aussi pour le 750e anniversaire de Berlin, l'année du Brésil en France...

Connaissance approfondie du marché laitier indien

Passée chez L'Oréal, elle est chargée, au sein de la direction internationale de la communication, des programmes institutionnels et sociaux ce qui lui donne l'occasion de revenir en Inde. « Je n'avais pas dans l'idée que je serais amenée à m'installer ici. » Mais le pays l'attire. Dès la création de sa société de consultants à Paris, elle est sollicitée pour des missions soit d'organisation de forum franco-indiens, soit par des entreprises indiennes désireuses de s'installer en France, soit par des entreprises françaises cherchant des opportunités dans le sous-continent indien. Et c'est dans ce cadre qu'en 2004, elle commence à travailler avec Serap, le spécialiste des tanks à lait, d'abord pour une étude de marché, puis pour tout le cheminement vers l'installation d'une filiale et l'implantation d'un site de production en Inde. Elle approfondit alors sa connaissance du marché laitier indien. « C'est en 2006 que le fait de m'installer en Inde est devenu en quelque sorte naturel. » Elle transfère ses activités à Delhi et intervient de plus en plus dans le milieu agricole indien. Amul, la plus grande coopérative laitière du pays, la sollicite notamment. Etudes de marché, mais aussi enregistrement d'entreprises, recrutement... « Je ne travaille pas que dans le lait, mais c'est vrai qu'il y a énormément à faire ici dans ce secteur », que ce soit au niveau de la génétique, pour l'alimentation animale, les bâtiments et bien sûr pour le lait lui-même.

La France, troisième investisseur étranger

« La France est le troisième investisseur étranger en Inde, derrière les Etats-Unis et le Japon. Nous sommes déjà présents dans les secteurs agricoles et agroalimentaires, et j'ai, par exemple, une liste d'entreprises indiennes en nutrition animale qui pourraient être achetées par des entreprises internationales, une bonne manière de pénétrer le marché des produits animaux », estime-t-elle. Surtout avec une roupie faible. L'arrivée de Lactalis après son rachat de Tirumala (nom sous lequel le groupe français est présent) confirme l'intérêt du pays. « Je crois que l'Inde est incontournable et beaucoup plus facile à aborder que la Russie et la Chine même si, évidemment, le nationalisme est fort et qu'il faut composer avec certaines contradictions. Il faut aussi savoir travailler collectivement tant sur des aspects pratiques comme la génétique, car le zébu n'est pas le meilleur producteur de lait, ou les normes de qualité. »

Yanne Boloh

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