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Un audit douloureux

BEAULIEU-SUR-ODYTES, MAI 2013

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Chez Toulappro, petit distributeur agricole, on travaille d'arrache-pied, depuis six mois, pour obtenir le sésame de la certification pour la distribution de produits phytosanitaires aux professionnels.

« C'est la course en ce moment, et avec l'audit blanc, aujourd'hui et demain, tout le monde est sur les dents », maugrée entre deux gorgées de café, Pierre, technico-commercial.

« Entre ça et la réunionnite aiguë de ces derniers temps... », renchérit Camille, sa collègue, avec qui Pierre partage un bureau. « Mardi dernier, ça nous a pris combien de temps, trois heures ? » ajoute Pierre, interrompu par la sonnerie de son téléphone. C'est Christophe, un de ses agriculteurs.

« Tu as vu de la fusariose ? Déjà ? Je pense que tu peux appliquer le programme que l'on a défini ensemble », répond Pierre. Dans le couloir, l'auditeur, dossier et stylo en main, est en train d'interroger un de ses collègues TC, sur le volet méthodes alternatives, désormais obligatoire dans la préconisation. Il semble acquiescer à la réponse qui lui est donnée. Cinq minutes plus tard, c'est Pascal, un autre agriculteur, qui appelle Pierre pour parler d'un traitement insecticide.

Peu de temps après, l'auditeur rentre dans le bureau de Pierre. « Bonjour, je vous entendais discuter au téléphone, c'était un agriculteur qui appelait pour demander conseil ? » « Euh, oui, répond Pierre, juste une confirmation, et sa femme va passer chercher les produits cet après-midi. »

« Je peux voir la trace écrite du conseil confirmé à l'instant ? Et la délégation d'enlèvement ? », demande l'auditeur.

« Oh, c'était juste quelques précisions », explique Pierre, avant de se rappeler que sa "préco" avait été griffonnée, vite fait, sur un carnet dupli.

Pourtant, la dernière réunion certification avait pour thème : « La matérialisation du conseil ». Trois heures durant lesquelles la responsable certification de Toulappro avait martelé que tout devait être noté sur les fiches préconisations prévues à cet effet. Une réunion qui s'était conclue en évoquant le cas du conseil par téléphone. Muet, Pierre regarde son téléphone sonner : c'est encore un agriculteur qui cherche à le joindre. Sauvé par le gong ?

Marion Coisne

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