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Un silo dirigé à son image

« J'ai appris que la coopérative proposait un emploi stable. Pourquoi ne pas essayer ! »A. RICHARD

Formée dans le domaine social, Elodie Jardin a choisi d'être responsable de silo pour s'épanouir au travers d'un emploi stable.

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Dans son silo, elle est comme un poisson dans l'eau. Depuis un an et demi, Elodie Jardin est responsable d'un silo du groupe coopératif Scael, à Dancé, dans l'Orne, au coeur du Perche. En tant qu'agent de collecte et d'approvisionnement, elle s'occupe de la distribution des phytos, des semences, de l'alimentation animale et de l'engrais, de la réception et de l'expédition des céréales. « J'apprécie cette diversité d'activités. D'une saison à l'autre, le travail est très différent », indique la jeune femme de 23 ans.

Bien que le silo de Dancé soit petit, 2 000 t de stockage de céréales, Elodie Jardin court partout pour servir rapidement les agriculteurs ou les agricultrices du secteur, comme Jocelyne. « Elle nous accueille au silo, comme si c'était chez elle, avec un grand sourire. On voit qu'elle fait son maximum. Elle en veut ! »

Faire sa place avec le sourire

A bord de son chariot élévateur, elle charge les épandeurs d'engrais. A la main, elle soulève les sacs de semences. Lors du chargement d'un semi-remorque, elle grimpe à l'échelle pour collecter un échantillon de céréales, tout en regardant son chronomètre pour vérifier la quantité. Active et assez directive, elle répond aux sollicitations des agriculteurs et des routiers, qui arrivent en même temps. Elle a su faire sa place dans ce monde d'hommes.

Pourtant, plus jeune, Elodie Jardin ne « rêvait » pas de travailler dans un silo. Elle était attirée par le social, l'assistance à la personne. Après un bac Economique et social, elle enchaîne avec un BTS Economie sociale et familiale. Mais elle échoue à l'examen. « Avec la réforme des BTS, je devais repartir pour deux ans de formation. Je n'en avais pas envie. J'ai donc effectué plusieurs petits boulots. » Elle fait les vendanges, nettoie des lieux collectifs... et comme tous les étés, elle participe à la moisson dans un silo de la Scael. « J'ai appris que la coopérative proposait un emploi stable. Pourquoi ne pas essayer ! »

Une organisation à sa façon

Le recrutement se fait rapidement. En septembre 2011, elle intègre la coop en CDI. Bien que son père soit lui-même responsable de silo, un monde inconnu s'ouvre à elle. « J'ai dû tout apprendre : les variétés de semences, les produits phytos, les logiciels informatiques... et surtout à conduire un chariot élévateur ! » Pendant trois mois, Elodie se forme dans un autre silo avec un collègue. Puis, elle vient à Dancé, une semaine avec l'ancien responsable. Et c'est le grand saut. Elle organise le silo à sa façon et n'hésite pas à poser des questions aux agriculteurs.

Si Elodie est la seule femme responsable de silo à la Scael, ce n'est pas la seule à venir d'un autre secteur d'activités, comme l'indique Laurent Simon, le directeur de la Scael. « Nous peinons parfois à recruter du personnel. Nous employons des jeunes au niveau BTS, hors de la filière agricole. L'évolution des métiers du groupe s'accompagne d'un besoin de compétences plus spécifiques qui offre des opportunités de carrière. Nous allons d'ailleurs ouvrir un institut de formation, Terre des hommes. » Pour Elodie, le problème de recrutement ne provient pas du travail en lui-même, mais de la perception qu'en ont les chercheurs d'emplois. « Ils ne connaissent pas ces métiers. Pourtant, ce sont des postes qui allient le travail en plein air, le contact, l'organisation, les responsabilités... avec un emploi stable. Ça me plaît beaucoup ! »

Aude Richard

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