Passeur de techniques
Jérôme Fabre, 40 ans, est le nouveau technicien et animateur technique de la coop de Bollène-Barjac. Sa mission : aider les agriculteurs à progresser dans leur métier.
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«En principe, j'aurai dû être agriculteur. » Fils de maraîchers provençaux à Noves (Bouches-du-Rhône), Jérôme Fabre a finalement bifurqué. Il est devenu technicien agricole, pendant treize ans chez Arvalis, à Nîmes, et depuis janvier dernier, à la coopérative de Bollène-Barjac où il assure en plus l'animation technique. Ses origines ont influencé l'exercice de son métier. « Au sein d'Arvalis, j'ai découvert l'expérimentation à tous les niveaux, expose-t-il. Mon travail sur l'exploitation familiale m'a permis de traduire, plus facilement, l'application des travaux de recherche sur le terrain auprès des agriculteurs du Sud-Est. » Avec l'agronome Philippe Braun, son mentor chez Arvalis, il est ainsi à l'origine de la technique des semis précoces en blé dur que les producteurs du bassin méditerranéen ont largement adoptés.
Découvrir la collecte
L'envie de diffuser au monde agricole ses connaissances acquises au sein de l'Institut du végétal, le conduit à postuler à la coop de Bollène-Barjac, à la recherche d'un technicien. « J'étais arrivé au bout de mon parcours. J'avais, en outre, envie de découvrir l'univers de la collecte que je ne connaissais pas. » Le projet de fusion de l'entreprise avec Sud Vaucluse, acté depuis, le motive aussi. Quelques jours après son arrivée, il met en place un réseau de parcelles tests sur la fertilisation chez des adhérents. « Nous avons effectué des prélèvements sur trente parcelles en dix jours. Fin janvier, nous transmettions à tous les adhérents les conseils d'apport en fertilisation azotée. » Un autre réseau est déployé pour les aider à piloter leur irrigation. « L'année 2012 a été sèche dans le Midi, nous avons implanté des tensiomètres sur quinze parcelles, mais aussi réalisé des prévisions de rendement sur une trentaine de parcelles de blé dur. » Grâce à ce réseau, les agriculteurs ont déclenché l'irrigation au bon moment et ont apporté les quantités d'eau nécessaires. Résultat, la coop maintient le volume moyen de sa collecte quand ses consoeurs accusent une baisse de 15 à 20 % du fait des conditions climatiques de l'année.
Fibre expérimentale
Sa fibre expérimentale l'a aussi amené à mettre en place un essai « nouvelles variétés de maïs » sur la parcelle d'un adhérent de Pierrelatte, en partenariat avec des semenciers. « Il va nous permettre d'évaluer le potentiel de rendement de chaque variété et de sélectionner les plus productives pour les années à venir », confie Jérôme Fabre. Pour créer une dynamique autour du maïs, il a organisé une réunion d'information technique dans ce secteur au printemps. La présentation de l'essai a eu lieu un peu avant la récolte en septembre. « La première a eu du succès. Cela faisait plusieurs années qu'il n'y avait pas eu de communication sur cette culture au sein de la coop. » Il va bientôt déployer un réseau sur le pois chiche dans le Vaucluse. « C'est une espèce plus intéressante économiquement que le pois dans la rotation. » Il a aussi repris et enrichi le bulletin d'informations techniques Cultivances, adressé par courrier aux adhérents. Il en éditera sept par an. « Nous construisons une base de données informatique pour transmettre ces informations aux agriculteurs par des moyens plus modernes et plus rapides, comme le net. » Déjà, depuis son arrivée, des SMS d'alerte leur sont envoyés pour qu'ils puissent intervenir rapidement. Avec son bâton de pèlerin, Jérôme Fabre avance à grandes enjambées.
Chantal Sarrazin
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