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Changer de posture

LE PONT-AU-CHANGE, DÉCEMBRE 2013

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En passant par le libre-service agricole de son dépôt, le technico-commercial Jean-Michel croise Bernard, 47 ans, qui vient de faire le plein d'aliments basse-cour et avec lequel il travaille depuis dix ans. « Salut Bernard, j'allais justement t'appeler pour notre prochain rendez-vous de morte-saison. Dans deux semaines, le 16, ça te convient ? » L'agriculteur, à la caisse du Lisa, sort alors son agenda et après un coup d'oeil rapide acquiesce d'un signe de tête. « Oui, ça marche. Ça tombe bien, mon jeune associé sera là. Tu sais, mon voisin Nathan. Nous bossons ensemble depuis un mois. »

Deux semaines plus tard, Jean-Michel gare son véhicule au pied de la stabulation où une dizaine de taurillons ruminent le foin fraîchement distribué. « La nouvelle Pac va vous donner sûrement un bon coup de pouce », lance le TC aux deux exploitants, Bernard et Nathan. « Possible, nous allons étudier cela avec notre conseiller de gestion. Je te présente mon nouvel associé, Nathan. Tu l'as peut-être déjà croisé. » Le jeune homme de 27 ans à la franche poignée de mains, réplique aussitôt : « Non, je ne pense pas, je bosse avec ton concurrent depuis que je me suis installé, il y a deux ans. »

L'heure de visite se déroule sans anicroche. Le TC présente comme d'habitude ses programmes culturaux, se référant à l'historique de Bernard. Après avoir enregistré les différentes prescriptions depuis son PC portable, il établit un devis. Après le café habituel, Jean-Michel s'apprête à quitter les deux hommes. Peu bavard jusque-là, le jeune exploitant lance alors au TC : « Merci pour ta visite, nous allons étudier cela. Comme j'avais mon fournisseur, je vais voir aussi avec lui. »

Trois semaines plus tard, sans nouvelles de Bernard, Jean-Michel le rappelle. « Si tu veux bénéficier des conditions de morte-saison, dis-moi ta décision pour la commande. » Gêné, Bernard finit par répondre : « Nous avons décidé en fait de partir avec le fournisseur de Nathan. » Un coup de massue s'abat alors sur Jean-Michel qui, après avoir retrouvé ses esprits, demande d'une voix sourde : « Il est mieux placé que moi ? » « Non, ce n'est pas cela. En fait, sa façon de faire correspond mieux à Nathan et à ce que nous voulons pour la nouvelle exploitation. »

Hélène Laurandel

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