Nouvelle recrue en rade

Quelque peu nerveux, Stéphane arrive pour sa première journée d'embauche au dépôt de l'entreprise qui va l'accueillir désormais. Marcel, le magasinier, le salue d'un hochement de tête et lui désigne du doigt la porte d'un bureau. La nouvelle recrue s'y dirige, l'estomac légèrement noué. « Ah tiens, bonjour Stéphane. Tu es en avance. C'est bien, tu prends un bon départ », lui lance Damien, son animateur de secteur, également technico-commercial comme lui. « Bon, je t'ai préparé une liste d'agriculteurs à appeler pour prendre rendez-vous pour la morte-saison. Assieds-toi là, nous allons l'étudier. »

La matinée passe ainsi. Damien montre aussi à Stéphane le logiciel de préconisation qu'il aura à utiliser lors des visites. Une formation est toutefois prévue dans une semaine avec l'informaticien de la maison. Le jeune technicien pousse alors un ouf de soulagement, car il a du mal à tout suivre. Jeune diplômé en agriculture, certaines connaissances techniques lui manquent encore. « Je serai accompagné pour les premières visites ? » Haussant un sourcil, l'animateur rétorque rapidement : « Bien sûr que non. Nous sommes tous pris sur le terrain. Va falloir que tu te lances seul dans le grand bain. Tu sais ici, chez nous, c'est un peu chacun pour soi. Le patron nous convie pour une grande messe chaque mois. Moi, je vois chaque lundi matin les trois gars que j'ai en charge. Sinon, chacun se débrouille avec ses objectifs à atteindre. »

Stéphane ne se sent pas très à l'aise. « Ah, vous ne jouez pas plus collectif que cela ? Et pour la technique, je fais comment si j'ai des questions ? » « Tu m'appelles, et il y a toujours une formation ou deux avec des fournisseurs. Autre chose ? » Songeur, Stéphane se dit qu'après tout, il y aura toujours une solution. « Heu, je me présente comment face à l'exploitant, j'aborde la visite de quelle façon et puis, où je mets les limites ? » Commençant à s'agacer, Damien lui lance un, « tu apprendras sur le tas », avant de pester contre son ordinateur portable qui a encore planté. « Je peux regarder ? », demande Stéphane qui, cinq minutes plus tard, lance avec un grand sourire. « Tiens, voilà. Au moins je maîtrise les nouvelles technologies. »

Hélène Laurandel