Login

Bio-voisinage à la crêpe-partie

DIMANCHE 13 OCTOBRE, CHANDELEUR-EN-BRIE

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Les enfants aiment bien valoriser le métier de leur papa. Mais Franck, TC de 32 ans, aimerait bien que son fils Lucas, 7 ans, remette un peu plus souvent sa langue dans sa poche, surtout quand il joue avec Noémie, la fille de ses voisins. Cette petite peste répète tout à sa mère. Ce dimanche après-midi d'octobre, Franck a eu plutôt chaud et la crêpe-partie a bien failli tourner au drame.

« Dites-moi Franck, d'après Lucas, vous ramenez votre camionnette pleine de pesticides dans votre cour où nos enfants jouent. Je n'aime pas trop ça, ces produits sont si dangereux. »

Ça y est, se dit Franck, c'en est reparti du couplet écolo-bio de cette Parisienne installée dans leur petit village de Seine et Marne depuis presque un an. Elle râle déjà au printemps, dès qu'elle voit passer un pulvérisateur, mais voilà qu'elle va en remettre une couche avec les livraisons de morte-saison. Il arrive pourtant rarement à Franck de passer à la maison avec des phytos dans son Kangoo. Mais Lucas a encore dû en faire des tonnes devant Noémie. Ce dimanche, Franck veut juste se détendre. Il se rappelle de la dernière conversation au-dessus de la haie avec Bérengère qui avait regardé un reportage sur la mort des abeilles. Il n'a pas la tête dans le boulot et l'heure n'est vraiment pas au débat politique.

« Bérengère, vous avez tout à fait raison. Je devrais arrêter de punir mon fils en l'enfermant dans ma camionnette avec tous ces bidons ouverts. Mais vous savez que les pesticides c'est ma vie, et Lucas doit le comprendre. C'est bien connu que c'est en cherchant à tuer ses clients et à polluer l'environnement que son papa gagne plein de sous. J'aimerais tant qu'il suive mon exemple un jour.»

Bien que surprise par la virulence inhabituelle des propos de son voisin, Bérengère veut quand même, comme d'habitude, avoir le dernier mot.

« Ce n'est pas en faisant du mauvais esprit que vous améliorerez l'avenir de votre fils. Parce qu'avec du bio partout, d'ici peu son père va vite se retrouver au chômage ! » Franck ne prit pas la peine de répliquer et fonça rejoindre Lucas dont le rose des joues disparaissait déjà sous le chocolat.

Laurent Caillaud

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement