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Chasseur d'insectes

Matthieu Reinaudo en 6 dates1981 Naissance à Auch (Gers).1999 CAP menuiserie.2000 Pompiers de Paris.2002 Silotier et chauffeur chez Terres de Gascogne.2013 Magasinier, chauffeur et à l'entretien des sites chez OGR (Val de Gascogne).2014 Obtient le certificat fumigateur à l'Inra de Bordeaux.R. FOURREAUX

Passionné de désinsectisation des céréales, Matthieu Reinaudo, 37 ans, développe une prestation chez des agriculteurs stockeurs clients ou non du négoce OGR.

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«J'adore bricoler dans un silo, où tout m'intéresse, et en particulier la conservation des grains : calculer le débit de ventilation, atteindre l'objectif zéro insecte vivant... », raconte d'emblée Matthieu Reinaudo, rencontré au siège d'OGR, à Ordan-Larroque, dans le Gers. Une passion née en 2014 lorsqu'il est invité par le directeur d'alors à suivre la formation de fumigateur, après quelques soucis d'infestation d'insectes dans des cellules. Au départ sceptique, il se retrouve conquis au bout d'une semaine par des formateurs qui lui transmettent leur passion. Et c'est une révélation qui va l'amener à explorer toujours plus loin cet univers.

« Tout se fumige ou presque »

Il se met alors à la tâche en luttant contre les insectes de stockage, d'abord dans les silos du négoce, et désormais surtout en prestation chez les agriculteurs stockeurs, clients ou non du négoce, dans le Gers et les départements voisins. « Tout se fumige ou presque », dit-il pour évacuer les réticences envers cette pratique qui nécessite l'emploi de phosphine. Mais il s'ouvre à d'autres techniques. Pour se faire une idée des différentes solutions sur ce marché, il installe son petit laboratoire dans un coin d'un hangar, à Ordan-Larroque, avec des caissettes de grains qu'il se met à traiter pour étudier les mortalités. L'année dernière, il a ajouté une corde à son arc en expérimentant les alternatives aux insecticides de contact, tels les poudres minérales ou le gaz alimentaire, le Gers étant le premier département de production bio : près de 70 000 ha cultivés en bio en 2017, dont 20 000 en conversion, et 15 % de la SAU. Aussi confectionne-t-il, à partir d'une bouteille de gaz, sa propre poudreuse qu'il embarque dans son utilitaire au gré des interventions.

Dès qu'un agriculteur le sollicite, Matthieu Reinaudo se rend sur place pour faire le tour des installations, examiner la ventilation, déterminer les types d'insectes présents, et proposer au final la solution la plus adaptée. La fumigation reste celle qu'il recommande le plus. « Mais beaucoup de stockeurs, en conventionnel comme en bio, ne savent pas qu'il y a une telle palette de solutions de conservation des céréales, avant le stockage, pendant et après pour tous les stockeurs. » Suivant la difficulté de bâchage, le taux de remplissage de la cellule, la nécessité ou pas de descendre en rappel, l'aide éventuelle de l'exploitant, il facture ses services entre 8 et 12 €/t de grain, à 70 % chez des clients, le reste en prestation.

Travailleur de l'ombre et homme à tout faire

En fouillant dans son passé, on découvre que cette passion remonte à loin : lorsqu'il a exercé à la brigade des sapeurs-pompiers de Paris au début des années 2000, se remémore-t-il, les interventions qui l'intéressaient le plus étaient contre les nids de frelons ! « La vie à Paris, en revanche, j'ai moins accroché », plaisante celui qui affectionne tant le milieu agricole et qui, un temps, avait repris la ferme céréalière familiale en parallèle de son métier.Un « travailleur de l'ombre », comme le surnomment parfois certains de ses collègues, et aussi un « homme à tout faire » : si aujourd'hui, la lutte contre les insectes représente jusqu'à 40 % de son emploi du temps, il est toujours à l'entretien des silos et du matériel, comme aux commandes des camions ou des chariots élévateurs.

Renaud Fourreaux

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