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« Le business model doit changer »

Stéphane Marcel, DG InVivo Digital factory, CEO InVivo.

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« Quel est le rôle d’InVivo Digital Factory ?

Cette entité, qui a fêté sa première année en septembre dernier, est là pour piloter et exécuter la transformation digitale au sein d’InVivo et de ses filiales, et des coopératives sociétaires. Par exemple, c’est elle qui porte le projet de lancement de la place de marché Aladin. La Digital Factory travaille sur trois axes clés. D’une part, la digitalisation au service de l’amélioration des interactions avec nos clients, que ce soit les consommateurs chez Jardiland, ou les agriculteurs membres des coopératives. Ensuite, nous cherchons à aller plus loin sur l’excellence opérationnelle, et nous travaillons sur l’émergence de nouveaux modèles économiques, là aussi grâce au digital. Par exemple, favoriser le développement d’une logique d’abonnement à des services pour les agriculteurs.

Comment respecter la notion de territorialité des coopératives avec une plateforme en ligne comme Aladin ?

L’objectif, c’est de moderniser l’approvisionnement des agriculteurs, avec une plateforme digitale qui propose l’ensemble des biens et services dont ils ont besoin. Aladin est une marketplace multistore, c’est-à-dire que chaque coopérative gère son magasin en ligne, avec son offre et son marketing. Un agriculteur a accès aux offres de sa coopérative grâce à son numéro d’adhérent.

Quel rôle pour les TC si les coopératives ont des magasins en ligne ?

L’idée n’est pas de dire que le canal digital est le chemin obligatoire. Nous parlons d’approche multicanal de proximité. Le TC a un rôle clé dans l’adoption du digital par la coopérative, et chez l’agriculteur. Dans son métier, la digitalisation peut lui permettre de retrouver de la souplesse. Fini le temps perdu à répondre au téléphone de 6 h du matin à 22 h pour savoir si tel ou tel produit est disponible. Il va pouvoir se concentrer sur son métier.

Quid des salariés qui n’ont pas d’appétence pour le digital ?

Ils ne sont pas plus bêtes que les autres. Si les outils ne sont pas adoptés, c’est qu’ils n’apportent rien. À partir du moment où une nouveauté permet de travailler de façon plus efficace, d’être meilleur, elle est prise en main. Il faut être drivé par la valeur ajoutée. Après, il faut reconnaître que la question de l’âge peut entrer en ligne de compte dans l’appropriation d’outils digitaux.

En termes de ressources humaines, qu’est-ce que la digitalisation va changer dans les coopératives ?

Il va y avoir de nouveaux métiers, déjà présents dans certaines structures : des webmasters, des chargés de contenus digitaux, des community manager. Ou encore des CDO, chief digital officer, pour conduire la transformation digitale. Il faudra recruter, ou former des salariés en interne. C’est une étape clé. Au-delà, la digitalisation va toucher tous les métiers des coopératives. Les équipes, notamment celles en charge du développement des services, vont devoir évoluer.

Quel avenir pour une coopérative qui ne se digitaliserait pas ?

On est en train de vivre un moment important, avec un business model qui doit changer, car les sources de revenus évoluent. La distribution agricole est chahutée. En amont, des pure players comme Agriconomie et Alibaba s’installent, et le contexte réglementaire phytosanitaire évolue, avec la séparation du conseil et de la vente et la fin des remises, rabais et ristournes. En aval, la grande distribution peut être un facteur de pression. La distribution agricole doit être acteur de la chaîne de valeur. Le digital est une réponse. Par exemple, en appro, le prix ne sera bientôt plus un élément différenciant sur le terrain. Il faut aller chercher de la marge différemment, développer le service. Ce qui implique de redéfinir la politique commerciale, de revoir la segmentation de marché, mais aussi de faire des économies. Le digital peut servir à cela : aider les coopératives à se différencier par le service, et aller chercher des économies d’échelle. »

Marion Coisne

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Le digital chamboule vos métiers

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