Bio un jour, bio toujours

Non issu directement du monde agricole, Paul Getti n’était pas prédestiné à travailler en agriculture. Mais dès l’enfance, il a développé une sensibilité à la nature. Douze années de scoutisme, un Erasmus sur un campus norvégien en totale immersion au milieu des lacs et des forêts, ainsi que des études spécialisées en agronomie et écologie, ont renforcé son envie de contribuer à la préservation de l’environnement. Une appétence partagée par plusieurs de ses sept frères et sœurs.

Passionné par le fonctionnement des écosystèmes, le jeune étudiant engagé a mis le pied à l’étrier dans le bio dès sa sortie de l’Isara en saisissant une opportunité de création de poste chez Terre d’Alliances. Dans cette coopérative de l’Ain jusqu’alors peu tournée vers le bio, tout était à faire. Pendant six ans, la conjoncture porteuse lui a permis progressivement de toucher à tous les métiers : prospection en ferme, accompagnement des agriculteurs à la conversion en agriculture biologique, structuration de la collecte et des réseaux, animation d’équipe. « Ce fut une expérience très formatrice et très enrichissante », souligne-t-il.

À la recherche de nouveaux défis, l’ingénieur agronome spécialisé en AB a migré en 2023 chez Maison Marion. Dans cette entreprise familiale 100 % bio (57 salariés, 26 M€ de chiffre d’affaires), et opérateur historique reconnu en Rhône-Alpes, il est responsable des filières d’approvisionnement en matières premières. Cette fonction transversale le fait travailler avec les différents services de l’entreprise (achat, qualité, commercial) et colle bien à ses qualités relationnelles et son goût pour l’échange. « Chez Moulin Marion, nous travaillons en indépendants avec des producteurs autonomes avec lesquels nous avons développé des relations contractuelles et de confiance. Nous sommes partenaires sur la durée. Cela me plaît et correspond à mon éthique. »

Aujourd’hui avec la crise du bio, le jeune cadre exerce ces responsabilités dans un contexte de marché tendu. « Avant, il fallait démarcher pour trouver les volumes. Aujourd’hui, dans un contexte de marché excédentaire, la priorité est de maintenir les partenariats historiques pour être au rendez-vous avec les agriculteurs qui nous ont soutenu pendant les périodes de tensions. Grâce à la diversité de nos débouchés et à l’image de qualité du moulin, nous avons pu maintenir notre activité à l’étal quand la meunerie française était à -15 %. »

Malgré les difficultés conjoncturelles, Paul Getti apprécie de travailler dans ce milieu du bio où les échanges entre personnes et structures sont plus directs, plus décontractés et plus transparents.

Et une fois sa semaine de travail terminée, l’agronome aime mettre les mains dans la terre, en cultivant son grand jardin attenant à sa maison qu’il a rénovée avec sa femme, à trois kilomètres seulement du moulin.