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CÉRÉALES L’hégémonie russe secoue l’export

Avec la montée en puissance de la Russie sur le marché international et la réorientation des flux ukrainiens vers l’Europe, l’exportation des céréales françaises est mise à rude épreuve.

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Chaque année, la France exporte en moyenne 24,6 Mt, parmi lesquelles 64 % sont destinées à l’Europe, 15 % à l’Asie, 10 % au Maghreb, 7 % à l’Afrique subsaharienne, 2 % au Moyen-Orient et 2 % à l’Amérique. Cette activité a représenté +10,4 Mds€ pour le pays.

Mais, depuis le début du conflit russo-ukrainien, ses exportations ont chuté. En cause ? Deux phénomènes. Tout d’abord, une Ukraine contrainte d’exporter vers l’Europe en raison de la quasi-impossibilité de passer par la mer Noire. Ensuite, une Russie qui instaure une stratégie de désoccidentalisation, avec des échanges désormais tournés vers l’Orient et l’Afrique.

Pléthore de céréales ukrainiennes

« La Russie a chassé l’Ukraine des marchés sur lesquels elle était présente », expose Delphine Drignon, responsable export Europe chez Intercéréales, à l’occasion de la 15e matinée Export organisée par la filière, le 20 mars, à Paris. L’Ukraine a exporté 7 Mt de céréales en Europe en 2022-2023, contre moins de 1 Mt en 2021-2022. « L’origine France est challengée, avec des volumes désormais fluctuants à destination de la Belgique, des Pays-Bas et de l’Espagne. Cette dernière a d’ailleurs capté 73 % des céréales ukrainiennes entrées en Europe en 2023 », détaille Delphine Drignon.

Des marchés en perte de vitesse

En parallèle, la vente de céréales françaises a chuté en Afrique et au Moyen-Orient, marchés sur lesquels la Russie s’est imposée ces dernières années. L’Algérie est entrée dans le top 5 des importateurs de céréales russes « avec 1,6 Mt de blé russe acheté sur la campagne en cours, soit 40 % des importations déjà réalisées », précise Roland Guiragossian, responsable export Proche et Moyen-Orient chez Intercéréales. La Tunisie achète également du blé russe car moins cher. Et l’Arabie a réorienté ses importations de blé, délaissant l’origine nord-européenne pour la russe (80 % de ses importations actuelles).

« En Afrique subsaharienne, les relations diplomatiques étroites avec la Russie ainsi que l’animosité à l’égard de l’Occident rendent difficile la récupération des marchés », précise Yann Lebeau, responsable du bureau Maghreb-Afrique. Thierry Vircoulon, consultant et chercheur associé à l’Institut français des relations internationales, parle même d’une « stratégie d’évincement de l’influence occidentale sur le continent africain par la Russie », dont l’objectif est de « générer des profits par la vente d’armes et de céréales ».

Maroc et Chine aux achats

Heureusement, les marchés marocain et chinois devraient se maintenir. Le premier en raison d’une recherche par le Maroc de blé de qualité, la France représentant toujours 60 % des importations (soit 3 Mt en 2022-2023). Le deuxième grâce à une forte demande en orge brassicole et en blé fourrager « pour alimenter ses filières animales en pleine croissance », indique Zao Yu Li, responsable de la zone pour Intercéréales.

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