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Année arrosée, ventes érodées

Les pluies successives ont entretenu les prairies pérennes qui, en 2024, ont été peu renouvelées. Dans ce marché en recul des semences fourragères, les mélanges, eux, continuent de gagner du terrain.

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En 2024, les conditions météorologiques particulièrement humides ont permis aux éleveurs de reconstituer les stocks de fourrage, pas toujours de qualité. « Les fortes pluviométries ont maintenu en état les prairies existantes et empêché les semis de printemps comme ceux d’automne. Les éleveurs se sont davantage concentrés sur les cultures de rente et n’ont pas renouvelé leurs prairies », analyse Frédéric Hais, directeur opérationnel de Semences de France. Résultat : les ventes de semences fourragères ont reculé. Le méteil et les espèces longue durée ont été les plus affectés, en particulier les ray-grass et le dactyle qui sont « en souffrance depuis deux ans ».

Le repli des ventes s’explique également par une tendance de fond liée à la diminution des cheptels, au vieillissement des éleveurs et à l’évolution des pratiques, avec une préférence croissante pour la fauche au détriment de la pâture pour les vaches laitières. La demande en légumineuses reste quant à elle dynamique et les mélanges continuent de gagner en parts de marché.

Délocalisation du trèfle violet

Et si la pluie a été favorable à la pousse des prairies, elle a en revanche pénalisé la production de semences. La récolte 2024 est jugée mauvaise, notamment pour les légumineuses : luzerne, trèfle violet, trèfle incarnat ou encore vesce commune. Le trèfle violet reste particulièrement touché par l’absence de solutions contre l’apion. Mais les tensions sur ce marché pourraient s’apaiser avec la campagne 2025, « grâce à la délocalisation de la production en dehors de l’Hexagone », observe Olivier Coutreau, directeur commercial agriculture chez Barenbrug.

Dans ce contexte, les semenciers axent leurs recherches sur la résilience. « Les cycles de pousse se décalent pour s’adapter aux évolutions climatiques, la recherche s’oriente vers des variétés de plus en plus précoces, capables de passer les étés secs et chauds et de repartir rapidement à l’automne, explique Simon Juchault, chef marché luzerne et fourragères chez Cérience. Nous essayons également d’anticiper les risques sanitaires, c’est-à-dire que nous observons de près ce qu’il se passe en Afrique du Nord et en Espagne pour anticiper une éventuelle remontée de maladies ou ravageurs vers nos territoires. »

Difficile de se projeter

Quant aux semis 2025, les semenciers voient flou. « Ces dernières années les ventes sont morcelées, c’est devenu difficile de se projeter », fait savoir Julien Greffier, chef produit fourragères chez Limagrain. « Pour l’instant, le marché n’est pas dynamique, il est attentiste hormis pour les légumineuses où la demande reste soutenue. Pour les graminées, la distribution reste prudente, mais si l’été est sec, les ventes vont exploser », complète Tristan Jacquin, chef des ventes chez RAGT. D’autres semenciers se veulent optimistes : « Les conditions climatiques sont plus favorables et les prairies ont besoin d’être renouvelées », estime Simon Juchault.

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