Vente ou conseil phytos : faites le bon choix
Malgré des textes réglementaires qui tardent à sortir, la distribution agricolese prépare à la séparation de la vente et du conseil pour l’utilisation des produitsphytosanitaires, au 1er janvier 2021. Chacun tente de trouver un nouveau modèle économique à travers des scénarios prospectifs, avecles implications qui en découlent en matière de ressources humaines, et de relation avec les agriculteurs.Dossier réalisé par Marion Coisne
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«Il est urgent d’attendre », résumait Denis Pelé, dirigeant du négoce Pelé, mi-février. Dans moins d’un an, la séparation entre conseil et vente phytos s’appliquera dans la distribution agricole, et le cadre de la mise en œuvre pratique n’est toujours pas connu. À l’heure où nous mettions sous presse, les prochaines réunions sur les référentiels étaient prévues pour mars, et la sortie des textes évoquée pour mai. Promesse de campagne du candidat Macron, la séparation a été inscrite dans la loi EGalim (article 88), parue le 1er novembre 2018 au JO, et précisée dans une ordonnance, le 24 avril 2019. Manquent encore un décret pour définir le conseil stratégique et le conseil spécifique relatifs aux produits phytos, et les arrêtés des référentiels métiers pour le conseil, la distribution de phytos et leur application.
En attendant, chacun anticipe comme il peut. « Nous avons préparé des solutions nous permettant de nous adapter dans un premier temps, mais tant que les détails ne sont pas connus, il est prématuré de prendre une décision », fait part Didier Nedelec, délégué général de la FNA. De son côté, La Coopération agricole a édité un guide pour aider les coopératives à faire leur choix, avec des scénarios prospectifs. Car si la séparation est la partie émergée de l’iceberg, en fond se pose la question de l’évolution d’un modèle économique reposant sur les phytos, déjà chahuté par la fin des 3R. Les organismes de conseil, notamment chambres d’agriculture et Ceta, s’interrogent aussi sur leur place dans ce nouvel écosystème. Agro d’Oc, l’union des Ceta d’Oc, serait concerné par la séparation car elle propose du conseil mais aussi des appros.
Obtenir un délai
Au vu des enjeux, la profession se mobilise pour obtenir un délai et, début 2020, le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, n’y était pas complètement opposé. Problème, la date d’entrée en vigueur est gravée dans le marbre de l’ordonnance et donc de la loi : ce sera le 1er janvier 2021. Un assouplissement pourrait être donné dans l’arrêté sur les modalités de certification, en cours de rédaction, car c’est lui qui fixera les délais avant les premiers audits post-séparation. Mais la marge de manœuvre est mince car, malgré tout, la loi doit être respectée.
Quant à son objectif, réduire l’utilisation de phytos, les parties prenantes sont sceptiques, à l’image d’Antoine Hacard, président de La Coopération agricole Métiers du grain : « Nous avons cette volonté de réduire les produits phytosanitaires, en revanche, cette mesure a très peu de chance de les faire baisser. Il aurait fallu nous faire plus confiance. » « Il faudra du temps pour qu’il y ait un réel effet, car on ne va pas au bout de la mesure », déplore Claudine Joly, chez France Nature Environnement, évoquant une prescription non obligatoire. Elle ajoute : « Pour que se mette en place une profession compétente et indépendante pour le conseil, il faudra plusieurs années. Au législateur de ne pas laisser contourner le système. »
Dans l’attente des textes définitifs, nous faisons le point sur les discussions en cours concernant le conseil (p. 25) et la vente (p. 26-27), les scénarios envisageables (p. 28 à 31) et l’impact de la séparation sur les agriculteurs (p. 32-33) et les TC (p. 34).
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