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Dominique Chargé, LCA : « Nos modèles économiques sont à bout de souffle »

Dominique Chargé, président de La Coopération agricole, et Florence Pradier, directrice générale, mercredi 4 septembre, à Paris.

Lors de la conférence de presse de rentrée de La Coopération agricole, mercredi 4 septembre à Paris, son président Dominique Chargé s’est montré préoccupé par « les situations de fragilisation extrêmes » dans les filières agricoles et le risque de décrochage de l’agroalimentaire français.

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« C’est une rentrée qui s’effectue dans un contexte d’instabilité multifactorielle », a introduit Dominique Chargé, président de La Coopération agricole, mercredi 4 septembre, en égrenant les incertitudes politiques, géopolitiques et les aléas climatiques et sanitaires. Les défaillances d’entreprises sont proches des records et « il est acté que la balance commerciale 2024 sera catastrophique ». En effet, la filière céréalière signe sa pire récolte depuis 1983 et la filière vin est en grande difficulté.

« Un besoin massif d’investissement »

Ce choc de production se double d’un choc de consommation. Depuis 2019, la consommation alimentaire est en recul de 5,3 % en volume, selon la Direction générale du Trésor. « On est bien dans des changements de mode de consommation durables et qui auront des impacts tangibles sur nos modes de production », ajoute-t-il en évoquant l’effondrement des produits sous signe de qualité, du bio (-7,2 % au 1er semestre 2024) et l’essor d’une consommation nomade qui fait la part belle aux produits importés. D’autant que « l’impact de la guerre des prix et de la déflation est considérable ».

« Nous sommes à un point de fragilisation extrême de nos modèles économiques qui sont à bout de souffle, commente le président de LCA. Nous ne savons pas faire face à la superposition des crises et aléas auxquels nous sommes confrontés depuis cinq ans. Il est très urgent d’agir, nos filières ont un besoin massif d’investissement. L’effort global à conduire pour la modernisation des outils, pour la décarbonation, etc., est de 500 à 600 M€/an et jusqu’en 2030. On n’en a pas les moyens aujourd’hui et nous aurons besoin d’être soutenus dans cette opération. » En effet, les marges opérationnelles (Ebitda) des coopératives en 2022 étaient aux alentours de 4 % (3,38 % pour le secteur appro-collecte), et les résultats nets, inférieurs à 1 %.

Faire face aux charges

« Quand vous êtes une coopérative appro-céréales, et que vous n’avez pas les volumes, vous devrez quand même faire face à vos charges, vous êtes forcément devant un modèle économique qui va être très durement challengé. Le prix de l’énergie reste globalement deux fois supérieur à ce qu’il était avant les crises, et les salaires ont augmenté de 15 % ces dernières années. »

Sachant que « les coopératives seront à mises à contribution pour venir en soutien à la trésorerie des exploitations, notamment céréalières ». Un plan d’accompagnement en ce sens est envisagé. « Ce sont des sujets qui commencent à être abordés et sur lesquels nous serons amenés à nous prononcer. »

La réforme de la séparation en stand-by

Face à ce constat accablant, LCA propose une « stratégie alimentaire conquérante » autour de trois axes structurants : le redressement de la compétitivité des activités, l’adaptation de la production aux modes de consommation et l’accélération de l’accompagnement des transitions.

Sur ce dernier axe, Dominique Chargé regrette que, à la suite de la séparation du conseil et de la vente de phytos, « l’absence de conseil pénalise notre capacité à accompagner les agriculteurs ». Pourtant, « avec les services d’Agnès Pannier-Runacher et le réseau des chambres d’agriculture, on avait bien avancé » sur la réforme du dispositif, avant la dissolution de l’Assemblée nationale. « On avait travaillé sur un outil législatif qui corrigeait le dispositif et nous permettait de revenir sur le conseil global. »

Dominique Chargé espère que ce sujet sera remis à l’ordre du jour, mais est bien conscient que l’« on risque de vivre dans l’urgence politique, probablement budgétaire ; les arbitrages seront compliqués ».

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