« L’exercice le plus difficile de l’histoire des coopératives »
La Coopération agricole Métiers du grain a fait part, lors d’une conférence de presse mardi 24 septembre, de la « grande difficulté économique » dans laquelle se trouve le modèle appro-collecte. Et appuie deux demandes : l’extension du dispositif de l’aval pour les oléagineux et l’abrogation de la séparation conseil et vente.
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« En 2016, on avait déjà eu une très mauvaise moisson, on avait souffert économiquement, mais on s’est vite rétabli », introduisait Antoine Hacard, président de La Coopération agricole Métiers du grain lors d’une conférence de presse, mercredi 24 septembre, à Paris. Aujourd’hui la situation est beaucoup plus sérieuse.
300 M€ de perte pour cette collecte
« Le modèle collecte-appro est en grande difficulté économique en raison de la décroissance de notre secteur d’activité qui a commencé et du mur d’inflation que nous avons dû affronter. » Et d’énumérer des taux d’intérêt multipliés par quatre entre 2021 et 2023, un coût du transport routier multiplié par deux depuis 2020, un coût de l’énergie qui s’est apprécié de 30 % dans le même temps, et une masse salariale alourdie de 12 % depuis 2021. Bref, l’augmentation des charges fixes a entamé les marges des entreprises de 50 %.
Par ailleurs, l’organisation estime à 300 M€ la perte financière liée à la seule baisse de la collecte et au surcroît de travail du grain. « Sans la mauvaise moisson, on était déjà dans l’incapacité d’équilibrer notre compte de résultat. Mais là, il s’agit de l’exercice le plus difficile de l’histoire des coopératives. »
Chômage partiel
« Il n’est pas impossible qu’il y ait des conséquences de rapprochement de coopératives en difficulté, poursuit-il. Il y a déjà quelques coopératives pour lesquelles la situation se durcit. Mais ce qu’on pressent surtout, ce sont de possibles mises en chômage partiel de nos collaborateurs cet hiver. »
Ainsi, les services RH des coopératives sont en train de travailler sur la capacité d’accéder à des fonds de formation pendant cette période, lesquelles permettraient aux collaborateurs, par exemple aux agents de silos, de se former aux nouvelles techniques de stockage du grain.
Extension du dispositif de l’aval aux oléagineux
Face à cette situation, LCA Métiers du grain porte auprès du nouveau gouvernement « deux demandes qui ont un grand mérite, elles ne coûtent pas un euro ».
Premièrement, l’organisation enjoint les pouvoirs publics d’étendre aux oléagineux le dispositif de l’aval. Ce dernier permet en effet aux organismes stockeurs de bénéficier d’une garantie de l’État à hauteur de 70 % pour leurs stocks de céréales et donc d’accéder à des taux d’intérêt compétitifs. Mais les oléagineux n’étaient jusque-là pas concernés. Une demande officielle a été faite en ce sens cet été auprès de FranceAgriMer.
Cette extension permettrait ainsi d’alléger les charges financières des coopératives et d’être en capacité d’accéder plus facilement à des financements, notamment pour accompagner également leurs adhérents en difficulté. À l’instar du déblocage de 11 M€ mis en place par Terrena, « la plupart des coopératives prennent des dispositions qui leur sont propres pour garantir le financement de la récolte 2025. Mais l’argent, on va le chercher auprès des banquiers. »
Abrogation de la séparation conseil et vente
La section Métiers du grain continue également de réclamer l’abrogation pure et simple de la loi relative à la séparation conseil et vente de phytos. « Avant la dissolution, on était plutôt sur un schéma qui aurait conduit à une adaptation forte, voire une abrogation. » Antoine Hacard veut croire qu’il est à nouveau « envisageable d’avoir une majorité parlementaire sur ce sujet ». Mais ce ne sera peut-être pas un sujet prioritaire…
« Il y aura néanmoins une loi d’orientation agricole, et j’attends que ce sujet soit inséré dans cette loi. » Par ailleurs, il espère que la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, qui « est quelqu’un de qualité, pragmatique », soit toujours présente sur le sujet, comme elle l’a été en tant que ministre déléguée à l’Agriculture.
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