Le Snia s’engage à réduire de 20 % les GES liés à la nutrition animale
Lors de sa conférence de presse de rentrée, mercredi 30 août, le Snia a milité pour une décarbonation sans décapitalisation, alors que les importations croissantes de viande accentuent au contraire les émissions de gaz à effet de serre.
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Si la production nationale d’aliments pour animaux continue à décroître (- 1,9 % sur le premier semestre 2023 par rapport à la même période de 2022 qui était déjà mauvaise), la consommation nationale de viande augmente. « Tout ce qui n’est pas produit en France est importé », résumait Philippe Manry, vice-président du Snia, lors de la conférence de presse de rentrée du syndicat, mercredi 30 août.
Les statistiques d’Agreste confortent clairement ce constat avec une hausse de 11 % des importations toutes viandes confondues l’an dernier. Le phénomène a été médiatisé pour les volailles (55 % du poulet consommé en France est importé), mais la viande bovine et le porc prennent le même chemin. « Or tout ce qui est importé a un impact carbone supérieur à celui de la production nationale », souligne le dirigeant.
- 20 % de GES d’ici 2030
Difficile donc pour les industriels d’admettre la pertinence de la Stratégie nationale bas-carbone qui envisage une décapitalisation de 12 % du cheptel bovin et de 8 % du cheptel porcin.
François Cholat, président du Snia, est catégorique : « La décarbonation ne doit pas passer par la décapitalisation. ». D’où l’engagement collectif des fabricants d’aliments pour une baisse de 20 % des GES de l’élevage grâce à l’alimentation d’ici 2030 par rapport au niveau de 2020.
« Les actions engagées et les leviers identifiés nous permettent d’avancer sur cet objectif », affirme Stéphane Radet, directeur du Snia.
Duralim et Valoralim
Ainsi, l’engagement volontaire dans Duralim pour passer à 100 % de soja non issu de la déforestation ou de la conversion des terres d’ici le 1er janvier 2025 réduira les émissions de 1,5 Mt d’équivalent carbone par an. Les industriels avancent d’ailleurs plus vite que prévu sur ce chemin en dépassant déjà les 50 % de soja garanti cette année.
La mise en place de la filière de collecte et de recyclage des emballages de l’alimentation animale (Valoralim) qui démarre cette année évitera de son côté 700 t d’équivalent CO2, avec un objectif de 10 000 t d’ici 2030.
Réduction de l’indice de consommation
Le sourcing et la formulation constituent aussi des leviers très importants de décarbonation, par exemple par un sourcing local de protéagineux (s’ils sont disponibles) et une valorisation des coproduits. « La méthanisation est une bonne chose quand elle permet de diversifier les revenus d’un élevage, mais elle est moins bonne quand elle entre en concurrence avec nos usines pour certaines matières premières que nous savons depuis longtemps valoriser », pointe toutefois Ludovic Michel, vice-président du Snia, en prenant l’exemple des pulpes de betteraves.
Autre levier dont l’efficacité n’est plus à démontrer : la réduction de l’indice de consommation, grâce à la formulation et au progrès génétique des animaux. Elle a permis, sur les dix dernières années, de faire reculer de 15 % les émissions de la filière poulet de chair standard. « Une baisse de 0,1 de l’indice de consommation permet de diminuer de 6 % le poids carbone de la part alimentaire de l’élevage », chiffre Ludovic Michel. Sans oublier l’impact de la nutrition sur les rejets, que ce soit les effluents des monogastriques ou les fermentations entériques de ruminants.
Passer de 32 à 35 t de PTAC
« Tous les pôles R&D des entreprises travaillent sur cette question, en testant des additifs, en formulant avec d’autres matières premières, en travaillant avec les éleveurs sur l’utilisation des aliments », liste Aurélien Simbélie, membre du bureau du Snia.
Pour avancer encore plus concrètement, les fabricants d’aliments souhaitent disposer au plus vite de méthodes de calcul validées et partagées. Et de coups de pouce réglementaires : passer de 32 à 35 t de PTAC pour les porteurs à 4 essieux économiserait ainsi 6 % de GES pour toutes les livraisons d’aliments effectuées avec ces camions.
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