Le négoce ADN en liquidation judiciaire

« Le numéro demandé n’est pas attribué ». Depuis cet été, le négoce ADN ne répond plus au téléphone et a baissé le rideau. Dans la profession, personne n’arrive à joindre Dominique Deschamps, l'animateur commercial de cette société. Il y a un an et six mois, avec son frère Denis, il avait créé un négoce en région Centre-Val de Loire. Les deux frères avaient l’ambition de révolutionner le modèle du négoce agricole. « Les phytos vont bientôt être bannis en France, le marché va se rétrécir. Nous allons créer un nouveau modèle de business », nous expliquait en 2022 Dominique Deschamps, ancien salarié d’Axéréal et ex-directeur d’Agri-Négoce.

ADN, Aux désirs de la nature, avait ouvert un dépôt à Nouans-les-Fontaines (Indre-et-Loire) et louait des bureaux à Prunay-en-Yvelines (Yvelines). Avant l’arrêt des comptes au 30 juin 2023, la SAS comptait 16 salariés. Certains ont retrouvé du travail au sein des négoces de la région, d’autres se retrouvent sans activité.

Un contexte économique difficile

Que s’est-il passé ? Dans la plaine, les professionnels du secteur pensent qu’ADN est allé trop vite. « Ils étaient trop gourmands », « on ne peut pas remettre en cause un système qui fonctionne », « il faut savoir rester humble et ne pas tout miser sur le paraître », évoquent différentes personnes.

Si ce négoce a su trouver sa clientèle d’agriculteurs et développer son entreprise, passant de 1 à 8 M€ de chiffre d’affaires en un an, force est de constater que son lancement s’est produit dans un contexte économique particulièrement difficile. Le prix des engrais et des produits phytos, au plus haut en 2022 lors des achats, ont chuté. La trésorerie d’un an n’a sans doute pas permis d’absorber ce choc.

Des phytos vendus aux enchères !

La liquidation judiciaire a été prononcée le 18 juillet. Les créanciers avaient jusqu’au 28 septembre pour se faire connaître. Fin septembre, fait assez rare dans la profession, le stock de produits phytosanitaires et d’engrais a été vendu aux enchères. Entre les véhicules, le matériel et le stock, la valeur d’exploitation était estimée à 1 M€. La liquidation devrait durer entre un et deux ans.