Les OS confrontés au déclin du blé dur
À l’occasion de la journée technique Blé dur organisée par Arvalis, mardi 6 février à Orléans (Loiret), des professionnels de la collecte ont partagé leurs visions pour relancer la filière alors que la production 2024 pourrait passer sous la barre du million de tonnes.
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« La surface française de blé dur semée est en baisse de 30 % depuis sept ans », a présenté Yannick Carel, chargé d’études économiques chez Arvalis, lors de la 26e journée de la filière à Orléans (Loiret). Elle a atteint son niveau le plus bas en 2023 avec 236 000 ha pour 1,2 Mt produites. L’exportation vers les pays tiers a été divisée par 10 en dix ans et avoisine les 120 000 t/an, le marché intérieur (environ 630 000 t/an, 40 % des débouchés) et celui vers l’UE (53 %) restant stables.
2024 s’annonce atypique en raison des intempéries survenues à l’automne. « Il y a dix jours encore, 50 % des semis n’avaient pas été effectués sur la région Ouest Océan », poursuit le spécialiste. Avec les sécheresses dans le Sud-Est (Hérault et Est Audois) et les incertitudes sur la qualité, les pertes estimées pourraient représenter jusqu’à 25 000 ha. Si tel est le cas, la production française pourrait passer sous la barre du million de tonnes en 2024 !
Le Centre brave la tempête
Sur les quatre bassins de production, le Centre se maintient à flot avec 66 000 ha cultivés pour un rendement moyen de 66 q/ha. Pour Édouard Prévosteau, responsable opérationnel chez Terris Union, la région bénéficie « de conditions pédoclimatiques favorables, d’un potentiel d’irrigation pour un maintien des rendements ainsi que d’agriculteurs passionnés qui possèdent un vrai savoir-faire technique avec un goût du risque inscrit dans leur ADN ».
Malgré cela, le blé dur pâtit d’une concurrence accrue avec le blé améliorant. « Ce dernier offre plus de visibilité sur les marchés et sa conduite est moins risquée », précise Antoine Pissier, directeur du négoce éponyme. Et l’orge de printemps gagne des parts d’assolement en raison de son prix attractif. La perte d’intérêt des nouvelles générations pour le blé dur inquiète les professionnels. « Assurer la transmission et la conservation de ce savoir-faire est crucial », affirme Aymeric Berton, en charge de la commercialisation du blé dur chez Axéréal.
Excalidur se poursuit
Contractualisation, démarche premium, sélections variétales et travail sur l’agronomie restent les axes privilégiés du plan Excalidur. « Nous avons la chance d’avoir une industrie qui produit des pâtes exclusivement à partir de blé dur français, il faut capitaliser là-dessus », insiste Édouard Prévosteau. « Construire ensemble est une évidence et dégager des contrats réguliers est clé pour faciliter la logistique dans une zone isolée comme la nôtre », ajoute Antoine Pissier.
« Enfin, mettre en avant la qualité de nos produits est un atout dans un contexte de montée en puissance des labels bas carbone et zéro résidu », complète Aymeric Berton. La filière espère en particulier obtenir prochainement des subventions de l’État pour accélérer la recherche variétale.
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