Engrais : la France veut être autonome à 51 %
L’État français souhaite retrouver une certaine souveraineté en matière de production d’engrais à l’horizon 2027, selon des informations étayées au cours de l’assemblée générale de l’Unifa, jeudi 1er juin.
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La France pourrait-elle s’appuyer sur la feuille de route de décarbonation de son secteur des engrais, pour investir en même temps dans sa souveraineté en matière de fertilisants ? C’est en tout cas la ligne directrice tenue par le président de la République lui-même avec la volonté politique affichée d’atteindre 51 % d’autonomie à l’horizon 2030, selon des annonces détaillées lors de l’assemblée générale de l’Unifa (l’Union des industries de la fertilisation), jeudi 1er juin à Paris.
Perte d’indépendance
« En quarante ans, la France est passée d’une situation où elle était capable d’assurer 60 % de ses besoins en engrais à une situation actuelle où elle n’assure plus que 35 % de ses besoins », a pointé Delphine Guey, présidente de l’Unifa en ouverture de la table ronde organisée au cours de l’assemblée générale de la structure.
Une situation qui ne s’est pas améliorée depuis les épisodes de crise de Covid et de guerre en Ukraine. « En 2022, nous avons dû réduire notre production de 40 %, du fait du renchérissement des prix du gaz et de l’ammoniac, a-t-elle ajouté. Un manque qui a été compensé par des importations accrues dans un contexte où les barrières douanières ont été levées. Et désormais, le marché européen est inondé d’urée importée. »
« Première fois que je vois un plan de ce niveau »
Les enjeux de la relocalisation de cette industrie stratégique sont aujourd’hui bien réels. Et, selon la présidente de l’Unifa, ils sont pris très au sérieux au plus haut degré de l’État. Le président de la République aurait même demandé aux fabricants de fertilisants d’accélérer la feuille de route de décarbonation des engrais à l’horizon 2027 contre 2030. Par cette transition des outils industriels, il pourrait être question d’accroître les capacités dans une logique de souveraineté.
« Le gouvernement est décidé à nous accompagner, assure Delphine Guey. Cela fait de nombreuses années que je travaille dans le secteur agricole et c’est la première fois que je vois un plan de ce niveau de la part des services de l’État. À présent, c’est le ministère de l’industrie qui prend le relais pour soutenir notre feuille de route. »
Un régime d’incorporation incitatif d’engrais décarbonés
Afin de promouvoir l’utilisation des engrais français, l’État pourrait introduire un régime d’incorporation incitatif d’engrais décarbonés, à l’image de ce qui se fait déjà avec les biocarburants. Le projet de loi de finances de 2024 pourrait intégrer une partie de taxation incitative en ce sens, selon les annonces faites par Pierre Jérémie, directeur adjoint du cabinet de la ministre de la Transition énergétique.
« L’objectif de 51 % d’autonomie en engrais est un objectif politique, pointe-t-il. Nous devons encore le mettre en musique pour distinguer les différents types d’engrais, organiques, minéraux, la question de l’azote, du phosphore et du potassium. Cependant, le message est bien que le Gouvernement français prenne au sérieux cette question de souveraineté qui devient aujourd’hui incontournable ».
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