Grandes cultures bio : trois exemples de filières structurées
Mardi 7 novembre, Arvalis, l’Itab et Terres Inovia ont organisé à Paris les troisièmes Rencontres des grandes cultures bio. L’occasion de réfléchir à la structuration des filières locales.
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La baisse du marché bio s’est poursuivie au 1er semestre 2023 avec -2,7 % en valeur par rapport à celui de 2022. Lors des troisièmes Rencontres des grandes cultures bio, organisées mardi 7 novembre à Paris par Arvalis, l’Itab et Terres Inovia, un débat a été proposé pour réfléchir à la structuration de filières bio locales et pérennes. Trois organisations ayant bénéficié du fonds d’Avenir bio sont venues témoigner.
Sud blé dur bio : jouer collectif
L’une d’entre elles est l’association Sud blé dur bio, pilotée par Alpina Savoie. Depuis dix ans, l’association joue collectif en rassemblant à la fois des organismes stockeurs (coopérative Drômoise de céréales, Agribio union, Union bio Sud-Est, Biosud) et des acteurs de l’aval (Moulins de Savoie, Alpina Savoie, Ekibio) pour structurer la filière blé dur bio en Occitanie et Paca.
En 2021, une nouvelle étape est franchie avec l’intégration du groupe Oxyane et de Natura’Pro. « Leur arrivée a permis, d’une part, d’augmenter les surfaces cultivées et de sécuriser la qualité et, d’autre part, d’élargir le cercle de collecteurs pour gagner en visibilité et ainsi proposer des contrats à nos clients », présente Stéphane Vanrenterghem, président de l’association et directeur général d’Agribio Union. Ces coopératives ont également permis la réalisation de tests agronomiques pour une amélioration des rendements.
Jusqu’ici, la stratégie a été payante, l’offre couvrant la demande pour la première fois en 2022. Mais la nouvelle tendance oblige Sud blé dur bio à revoir sa stratégie. « Nous réfléchissons collectivement à l’élaboration de nouveaux projets, notamment d’aides alimentaires, pour écouler les 2 000 t de stock de blé dur en trop », conclut Stéphane Vanrenterghem.
À vos malts : être agile en toutes circonstances
Pour une petite structure de cinq personnes, créée il y a trois ans, la SAS À vos malts sort son épingle du jeu à l’aide d’un « travail dans la dentelle, explique Jean Girardeau, à la tête de l’entreprise. Nous apportons à chacun de nos clients une solution spécialisée qu’ils s’approprient pour se démarquer d’un point de vue marketing. »
Au départ, la difficulté a été bien sûr de trouver des clients, car aucune filière d’orge brassicole de printemps n’existait dans la Drôme, où est implantée l’entreprise. « Cela nous a contraint à sourcer en Bourgogne mais nous a ouvert, en contrepartie, de nouveaux marchés, explique le gérant. Heureusement, certains agriculteurs avec des stocks ont accepté de nous suivre, ce qui n’est pas encore le cas des coopératives. »
Aujourd’hui, l’entreprise multiplie les projets pour rester dans la course. « Nous innovons pour répondre aux besoins spécifiques de certains clients et faire ce qu’aucun autre ne fait déjà. »
Oleosyn bio : favoriser la communication entre partenaires
Parfois, la difficulté n’est pas de trouver la clientèle mais plutôt de coordonner les acteurs entre eux lorsque le temps n’est plus au beau fixe. C’est le cas d’Oleosyn bio, qui a traversé plusieurs tempêtes (covid, conflit russo-ukrainien) depuis la création par la coopérative Terrena et le groupe Avril en 2019. « L’installation de cette unité de trituration de tournesol et de soja répondait à un besoin croissant en tourteaux pour la volaille », expose Florent Simon, acheteur de matières premières chez Oleosyn Bio.
Si les tourteaux de tournesol continuent à bien se vendre, la conjoncture actuelle complique les choses. « D’un côté, nous avons des structures avec lesquelles nous travaillons avec des contrats, des fourchettes de prix. De l’autre, des acteurs qui fonctionnent plutôt sur des habitudes avec des volumes comme repères. Et il est important de maintenir la communication entre nous et avec les agriculteurs pour s’adapter au contexte et faire accepter l’ajustement de la demande », poursuit Florent Simon. Bien sûr, la pilule est plus facile à avaler quand chaque organisme a les moyens financiers pour s’adapter au contexte fluctuant du marché. Comme ses homologues, Oleosyn bio réfléchit à de nouveaux projets, comme la construction d’une unité de raffinage pour transformer l’huile qu’elle peine à écouler.
Toutes ces success-stories partagent donc un même triptyque de réussite : la communication, la flexibilité et la cohésion entre acteurs pour innover et redonner du souffle à une filière qui en manque.
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