La HVE n’a plus la cote
Entre les nouveaux critères agronomiques et le manque de communication auprès des consommateurs, la Haute valeur environnementale en grandes cultures est en chute libre, comme en ont témoigné plusieurs OS lors d’une rencontre organisée par l’association HVE Beauce Val de Loire, mercredi 22 novembre, à Ardon (Loiret).
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« Il y a deux ans, j’avais une prime de valorisation liée à la HVE pour le blé et le blé améliorant avec Axéréal, pour l’orge avec Soufflet, pour les betteraves avec Cristal Union et pour les oignons avec BCO. Aujourd’hui, il n’y a plus aucune prime, sauf pour les oignons ! », a déploré Sandrine Garot, agricultrice à Nangeville (Loiret), lors d’un déjeuner organisé par l’association HVE Beauce Val de Loire, mercredi 22 novembre, à Ardon (Loiret). Elle était pourtant ravie de trouver une certification pour toute son exploitation et non seulement pour une filière.
« Nous y avons vraiment cru… »
Le constat est sans appel : après un engouement en 2021 et 2022, la certification HVE n’a plus la cote. L’augmentation du nombre d’exploitations céréalières certifiées HVE est passée de 25 % en 2022 à 3 % en 2023.
Les volumes commercialisés sous le signe HVE diminuent. Axéréal, qui au mieux a réussi à valoriser 35 000 t de céréales sur les 5 Mt qu’elle collecte, est aujourd’hui à 20 000 t. Sa filiale meunerie, Axiane, avait pourtant monté une gamme de farine HVE avec la centrale d’achat de Leclerc. « Nous y avons vraiment cru… », commente Pierre Toussaint, directeur du développement durable d’Axéréal. Du côté du négoce de pomme de terre, même constat pour Pierre Coisnon, dirigeant du groupe éponyme à Méréville (Essonne). « On est sur le déclin, voire sur quelque chose qui pourrit. »
Un manque de reconnaissance
Pourquoi cette chute après un bel engouement en 2021 et 2022 ? D’abord un changement des critères de certification. Une nouvelle version, la quatrième, a vu le jour fin novembre 2022 pour mieux s’intégrer dans la Pac. Les producteurs certifiés, qui l’étaient pour trois ans, vont donc revoir leurs pratiques. Parmi les changements, un plan de fertilisation « plus serré », qui peut freiner certains agriculteurs. Les acteurs de la filière réclament des critères pérennes.
Côté aval, les industriels n’ont pas réussi à valoriser le cahier des charges de la HVE auprès des acheteurs et la certification manque de reconnaissance auprès des consommateurs. Si bien que, dans cette période d’inflation, la grande distribution qui ne se préoccupe que « du prix, du prix et du prix », selon Jérôme Goulet, directeur commercial d’Axiane meunerie, oublie complètement la HVE. « Techniquement, nous avons progressé avec la HVE, mais c’est très difficile de trouver des arguments sur le prix et le marketing », ajoute Pierre Toussaint.
Une valorisation indirecte ?
La certification impulsée par l’État va-t-elle disparaître pour les grandes cultures ? « Non », répond Sylvie Robert, présidente opérationnelle de l’association HVE au niveau national. Les coopératives et négoces veulent encore y croire également. Pour la présidente, la mise en place d’une certification prend du temps. « Le label rouge a plus de 70 ans. À cette échelle, la HVE est un bébé qui demande à grandir. Quand on apprend à marcher, on tombe. Il est nécessaire que les pouvoirs publics se préoccupent de cette baisse pour mettre en place un plan d’actions », souligne Sylvie Robert, qui espère une réponse rapide du ministre de l’Agriculture à ce sujet.
La présidente appelle également les interprofessions à entrer dans l’association et préconise d’intégrer la HVE au sein d’autres labels ou certifications, en valorisation indirecte. Le problème, c’est que les coopératives possèdent déjà leur propre référentiel, à l’image d’Axéréal avec CultivUp…
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