Agritel envisage un marché du blé tendre stable à baissier
Jeudi 25 janvier, lors de la Paris Grain Conference, Arthur Portier, consultant chez Argus Media France (Agritel), a exposé la situation du marché du blé tendre actuel et les perspectives pour 2024. Sachant que la production française ne devrait pas dépasser les 30 Mt.
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« Le marché du blé tendre devrait être stable à baissier jusqu’en juin, fin de la campagne 2023-2024 », anticipait Arthur Portier, consultant senior chez Agritel, lors de la Paris Grain Conference, organisée à Paris les 25 et 26 janvier par Argus Media. Le prix actuel du blé Fob Rouen est de 240 $/t et semble constituer un certain équilibre. « Il pourrait tomber autour de 220 $/t dans les prochains mois », précise le consultant.
L’Ukraine et la Russie font le marché
Ce phénomène s’explique par une offre conséquente en blé. « Les huit principaux pays exportateurs de blé détiennent 61 Mt », présente Arthur Portier. Agritel estime que la Russie en possède une bonne partie : environ 22 Mt fin décembre 2023, contre 14 Mt l’an dernier. Cette donnée est importante car, par le passé, le Kremlin a montré qu’il était capable de faire preuve d’une certaine agressivité sur le marché des céréales.
« Il est probable qu’à la fin du mois de janvier, la Russie n’aura écoulé que 3 à 3,1 Mt. En conséquence, le pays devrait davantage exporter dans les prochains mois. » En parallèle, l’Ukraine est redevenue un acteur clé sur la scène internationale. « Ce qui a une influence baissière sur les cours des céréales, ajoute Arthur Portier. Courant décembre, elle a été capable d’écouler 4,8 Mt de blé depuis Odessa, ainsi que 1,4 Mt via le Danube, 0,8 Mt par le transport ferroviaire et 0,1 Mt par les camions. »
De la rétention dans les fermes
Du côté de la France, celle-ci accuse un retard important sur ses exportations. « Seuls 52 % des stocks ont été exportés sur le premier semestre de la campagne 2023-2024, ce qui est relativement faible », indique le consultant. En cause ? Des agriculteurs français qui ne vendent pas. D’après FranceAgriMer, cette situation serait due dans un premier temps à l’espoir d’une remontée des prix. Désormais, elle est liée à un phénomène de report sur la campagne prochaine (2024-2025), les agriculteurs souhaitant compenser la faible production qui s’annonce en raison des mauvaises conditions de semis à l’automne 2023.
Quoi qu’il en soit, la France et les pays de l’Union européenne devront s’aligner sur la Russie pour fixer leurs prix ces prochains mois. Les stocks mondiaux en maïs vont aussi concourir à faire baisser le cours du blé. « En 2020, ce stock était de 38 Mt, il est aujourd’hui de 60 Mt. Les prix du blé ne peuvent pas s’envoler, étant donné le caractère substituable du maïs, notamment pour l’alimentation animale », précise Arthur Portier.
Une récolte 2024 d’ores et déjà amputée
Agritel s’attend à ce que les stocks de blé des principaux pays exportateurs restent lourds. Mais la situation est ouverte. « La production de céréales françaises aura dû mal à dépasser les 30 Mt, en raison des mauvaises conditions de semis à l’automne », avance Arthur Portier. D’autres pays comme l’Allemagne et le Royaume-Uni ont également été touchés par les intempéries.
Côté ukrainien, l’offre devrait plutôt avoisiner 22 Mt, le pays ayant diversifié ses semis pour limiter sa dépendance aux marchés des céréales. Et côté russe, elle pourrait atteindre 90 Mt.
Quant à la demande, elle pourrait baisser en Chine en raison de l’augmentation des variétés OGM autorisées dans le pays. Mais pourrait croître en Inde à cause des faibles stocks engendrés par une mauvaise récolte l’an dernier.
« De nombreux facteurs externes pourraient perturber les marchés en 2024 (élections, contexte géopolitique et conditions météo) et maintiennent donc un climat incertain », conclut le consultant.
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