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Agora veut sortir des sentiers battus

De gauche à droite : Yann Lebeau, d'Intercécéales, Driss Belfadla, agriculteur marocain, François-Xavier Martel, chef de culture dans l'Oise, et Charles Léonardi, de Nestlé, ont participé, le 8 février à Jaux, à une table ronde organisée par Agora dans le cadre de son 14e Agroforum.

Agora a organisé, le 8 février, la 14e édition de l’Agroforum sur la thématique « Du blé à l’assiette : osons sortir des sentiers battus ». L’occasion de parler agronomie, innovation, mais aussi attentes des industriels et accès au marché, devant plus de 400 participants.

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La coopérative Agora a voulu sortir des sentiers battus lors de la 14e édition de l’Agroforum, qui s’est déroulée le 8 février à Jaux, près de Compiègne (Oise). Cette journée, dédiée chaque année à l’innovation et à la prospection, a accueilli plus de 400 agriculteurs, collaborateurs, étudiants et partenaires de la coopérative.

Objectif : enrichir les pratiques agronomiques et élargir les horizons des adhérents, « sans vouloir opposer les systèmes ». Sylvain Trommenschlager, agronome en Haute-Marne, a évoqué, par exemple, le rôle de l’équilibre du sol pour lutter contre les adventices, tandis qu’Isabelle Tomasi a souligné l’intérêt des microbiotes pour l’écosystème. Sarah Singla, productrice dans l’Aveyron, a de son côté partagé son expérience en agriculture de conservation des sols.

Une valorisation par Nestlé

« Sortir des sentiers battus pour cultiver notre céréale nationale, le blé, devient essentiel, a témoigné Philippe Brohez, agriculteur membre du comité de pilotage de l’Agroforum. Adapter nos techniques de production à long terme tout en préservant l’écosystème agricole est notre objectif. »

Clôturant la journée, la table ronde intitulée « Comment adapter ses pratiques agronomiques pour se saisir des opportunités futures » a permis de mettre en avant l’expérience de François-Xavier Martel, chef de cultures dans l’Oise, qui s’est progressivement orienté vers l’agriculture de conservation. Il a également été question d’agriculture régénérative dans le cadre du partenariat d’Agora avec Nestlé mis en place en 2023.

« La France a un temps d’avance »

« Dans l’industrie agroalimentaire, plus des deux tiers de notre empreinte carbone sont nos ingrédients, c’est donc la partie agricole qui est déterminante », a insisté Charles Léonardi, directeur général développement durable chez Nestlé France. L’entreprise a ainsi décidé de mettre des moyens pour accompagner cette transition en proposant une valorisation économique aux agriculteurs engagés sur cinq ans.

« Nous sommes entrés dans le cadre d’un collectif (Sols vivants, ndlr) car nous voulions bénéficier de ce que les scientifiques travaillaient sur le sujet, poursuit Charles Léonardi. Mais surtout, aussi, nous voulions aligner un maximum d’acteurs possibles autour de la chaîne. C’est pourquoi à l’intérieur de ce collectif nous sommes également avec des coopératives, des négoces, d’autres industriels, des distributeurs, des fournisseurs d’ingrédients (sucriers et meuniers), des Régions. La France a un temps d’avance en Europe sur ce sujet-là, en grande partie grâce aux partenaires comme Agora. »

Des aides de l’État au semis direct au Maroc

Si en France, on voit l’émergence de valorisations économiques directement par les agro-industriels, au Maroc, c’est le gouvernement qui aide les agriculteurs à changer leurs pratiques. « Cela fait cinq ou six ans qu’au Maroc, nous avons commencé à réfléchir à l’agriculture régénérative, au semis direct, à la séquestration du carbone, en lien avec la recherche », a expliqué Driss Belfadla, producteur sur 70 ha dans la région de Casablanca et président de l’Union marocaine des coopératives agricoles.

Les agriculteurs marocains qui suivent un cahier des charges pour la séquestration du carbone sont maintenant indemnisés. Ils sont aussi poussés au semis direct par l’État qui propose des aides à l’achat de semoirs et de semences résistantes à la sécheresse.

Un travail collectif entre industriels et producteurs

Le Maroc est le premier producteur de céréales au Maghreb, mais il consomme 200 kg de blé par an par habitant. Avec de tels besoins, le pays a importé 5 Mt de blé français depuis trois ans. « Il fait aussi le maximum pour augmenter sa production, indique Yann Lebeau, chef de mission Maghreb-Afrique chez Intercéréales. Cela passe par des subventions ou de l’aide à tous les étages du cycle de la production, que ce soit avec les semences, les engrais, les techniques culturales pour essayer d’améliorer les rendements dans un contexte de sécheresse ».

Et conjointement, tout un travail collectif s’est mis en place entre les industriels utilisateurs et les producteurs pour sélectionner les variétés propices au marché. « L’objectif est de se focaliser sur la qualité pour répondre aux demandes des clients », complète le représentant d’Intercéréales.

Développer les partenariats

« Nous sommes dans un contexte où aujourd’hui le “sans” a pris beaucoup de place, a conclu Thierry Dupont, président d’Agora. Sans pesticides, sans engrais, sans élevage, sans solutions et, au final, sans perspectives. Il faut qu’on bascule dans une dynamique et que le “sans” devienne “avec”. »

Avec des solutions, avec de l’innovation, avec du bon sens, mais aussi dans le sens du collectif. « Partager des expériences, des échecs, des réussites… Nous devons développer ces partenariats, comme avec Nestlé. Notre projet d’entreprise Agora 2030 s’inscrit dans cette démarche. »

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