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Fertilisants Angibaud se mue en héraut de l’économie circulaire

Francis Cucchietti, directeur des achats, Gilles Nivelet, directeur marketing, et Julien Pheulpin, directeur des ventes, sur le principal site d’Angibaud, à Béziers.

Le fabricant de fertilisants organiques et de spécialités se donne un nouvel élan en clarifiant son offre et en se lançant dans la commercialisation des frass d’insectes et des biostimulants.

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Dans l’imaginaire collectif, Angibaud est associée au guano de poisson. Bien sûr, ce savoir-faire historique reste sa marque de fabrique. La filiale de Sede Environnement, elle-même dans Veolia, est d’ailleurs largement épaulée par la multinationale dans la collecte d’invendus de poissons. « Depuis la création, il y a quelques années, du pôle agronomique de Veolia, dédiée à l’innovation, nous avons une vraie relation avec notre maison mère », souligne d’ailleurs Francis Cucchietti, responsable des achats.

Renforcer l’export

Mais le guano de poisson, reconnu pour son rôle dans la stimulation de la vie microbienne, n’est qu’une des matières premières qui entrent dans la formulation des fertilisants organiques aux côtés des fumiers de cheval et de mouton, du guano d’oiseaux, des tourteaux et pulpes de raisin, etc., que l’on peut voir, et sentir, dans les cases du principal site de l’entreprise, à Béziers (Hérault). À l’activité historique de fabrication de fertilisants organiques en bouchons de cet établissement, s’est ajoutée, cette dernière décennie, la fabrication de guano de poisson (2018) rapatriée de Sète, d’engrais liquides, notamment pour la fertirrigation (2015), et d’engrais solubles (2011), segment pour lequel Angibaud se dit premier producteur français et envisage une forte croissance à l’export.

Nouvelle identité visuelle

Pour se redynamiser, Angibaud s’est débarrassée de son nom à rallonge, Angibaud Derome & Spécialités, et s’est dotée d’une nouvelle identité visuelle, tournée vers l’économie circulaire (arguant que plus de 60 % de ses matières premières en sont issues). Cette société généraliste, qui a à cœur de devenir un acteur majeur des fertilisations alternatives, s’est donc efforcée de rendre cohérente une offre auparavant disloquée. « Les fusions successives de marques et changements d’organisations ont dissous l’identité de la marque au fil du temps et lui ont fait perdre en visibilité », justifie Gilles Nivelet, le directeur marketing. Dorénavant, les gammes sont regroupées sous six marques chapeau : OrgaMaster (organiques solides en bouchons), GranuMaster (organiques et organo-minéraux en granulés et microgranulés), LeafMaster (complexes nutritifs et anticarentiels foliaires), LiquaMaster (liquides), SoluMaster (solubles et chélates de fer) et TekMaster (biostimulants homologués).

Culture du partenariat

Tous ses produits ne sont vendus aux agriculteurs qu’à travers la distribution, grâce à une vingtaine de commerciaux, épaulés par des chefs marché, des référents de gamme et des promoteurs des ventes. « Ces derniers poussent des produits qui nécessitent une forte implication. Ils apportent de la technicité et aident les TC de la distribution à prendre des affaires », détaille le directeur des ventes, Julien Pheulpin. Cette culture du partenariat se décline également avec les fournisseurs de matières premières, et les producteurs de produits finis qu’elle met en marché.

Ainsi, Angibaud a signé l’été dernier avec le breton Agrimer, avec qui elle travaille depuis vingt ans, un partenariat, opérationnel dès cette campagne, pour un travail en commun de R&D et pour la commercialisation exclusive de ses produits foliaires à base d’algues laminaires à la marque Agrocéan. Agrimer conserve sa responsabilité de formulation et production sur son site finistérien de Plouguerneau, mais Angibaud est désormais l’unique interlocuteur commercial et technique de la distribution agricole pour la mise en marché des gammes Agrocéan.

8 AMM obtenues en 2020

Pour Angibaud, il s’agit aussi de donner une consistance à son ambition de « rentrer à fond » sur le marché des biostimulants. « Un secteur où la différence ne se fait pas sur le produit mais sur la crédibilité de l’entreprise, estime Gilles Nivelet. Nous y allons avec peu de produits, mais tous issus de l’économie circulaire, dans le cadre de partenariats, et toujours avec des AMM. » Elle en a d’ailleurs obtenu trois en 2020 pour Pepton 85/16 (acides aminés d’origine animale), pour Odyssée (base végétale, extraits de fabacées) et pour Adenia (acides fulviques résultant du processus de potabilisation de l’eau).

Cinq autres AMM ont été engrangées en 2020 dans ses gammes Geogreen et Geodyn d’engrais organiques liquides bio, tels l’équivalent d’un starter en maïs ou un azote soufré de fin de cycle… « Ce marché de niche connaît une croissance à deux chiffres depuis deux campagnes, se félicite Julien Pheulpin. Il y a une vraie valeur agronomique et peu d’intervenants en bio, encore moins avec des AMM. »

Des frass vendus dès 2022

Enfin, Angibaud investit le marché prometteur des frass. Le spécialiste de l’élevage d’insectes Ynsect lui a confié l’exclusivité, pour le marché agricole français, de la commercialisation d’Ynfrass, fertilisant organique (NPK 4-3-2, 85 % de matière organique). Cet engrais, issu des déjections d’une espèce de vers nourris avec des coproduits céréaliers, sera produit dans la ferme verticale Ynfarm, à Poulainville (Somme), prévue pour être opérationnelle début 2022. Elle sera amenée à produire 100 000 t/an d’ingrédients, dont 70 000 t/an de frass (50 000 t pour Angibaud). « 2021 va être consacrée à tisser des partenariats sélectifs avec quelques distributeurs du nord de la France proches de l’usine, capables de positionner le produit techniquement et économiquement », insiste Julien Pheulpin. Le produit sera destiné à 80 % au secteur des grandes cultures et cultures industrielles, notamment en bio. Et la marque Angibaud sera même présente sur les big bags !

Renaud Fourreaux

- Les poissons, issus d’écarts de pêche ou d’invendus de la grande distribution, arrivent par caissettes, grâce au dispositif Recyfish, mis en place par la maison mère Veolia.

- Ils sont broyés et compostés afin d’obtenir un produit incorporé dans la fabrication des engrais organiques.

- L’atelier dispose d’une capacité de production de 50 000 t de fertilisants organiques en bouchons de 5 mm de diamètre.

- Depuis 2011, un atelier fabrique des engrais solubles à destination de la fertirrigation en cultures spé. Il peut incorporer jusqu’à 22 matières premières solides dans une même formule.

- Angibaud espère bien développer l’export de ces produits, particulièrement appréciés au Moyen-Orient.

- L’usine héraultaise produit depuis 2015 des engrais liquides, applicables au sol ou en foliaire.

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