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Maïs grain Encore une récolte déroutante

Jean Michel Nossant

Malgré de meilleurs emblavements, les maïs ne vont pas faire déborder les silos, ni les séchoirs. Mais s’ils devaient rentrer très secs, ils ne le seront finalement que relativement. Quant au marché, il est beaucoup moins lourd qu’attendu.Par Renaud Fourreaux

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Le bon niveau d’emblavement en France (1,58 Mha), à la suite du report des cultures d’hiver vers celles de printemps, ainsi que les bonnes conditions de début de cycle, pouvaient laisser entrevoir une bonne récolte nationale de maïs. Mais la sécheresse et la chaleur estivales ont eu raison de ce potentiel : les rendements terminent sur un niveau très moyen, autour de 89 q/ha. Certains OS de poids en maïs, comme Maïsadour, Lur Berri, Bernard, qui en plus voient leur sole reculer significativement, accusent des collectes en retrait de 30 à 40 %. Les précipitations abondantes dans le Sud-Ouest au début de l’automne n’ont rien arrangé. « Des maïs sont à terre et ne seront pas récoltés », témoigne Adrien Declercq, chez Lur Berri. À l’Ucal, il manque entre 5 et 15 q/ha, et la moyenne peinera à atteindre 50 q/ha en sec, et 100 q/ha en irrigué.

Entre 23 et 28 % d’humidité

Pas d’alerte toutefois sur la qualité sanitaire, le grain semble indemne de mycotoxines. Les premiers grains sont en revanche rentrés très secs. « Une bonne partie des maïs ont été récoltés aux normes ou relativement secs, entre 15 et 25 % d’humidité », relate Thomas Joly, animateur de la filière maïs chez Arvalis. Ce qui a un impact direct bienvenu sur le poste de séchage et permet aux agriculteurs de faire des économies. Pas pour les OS en revanche… Mais la situation finale s’est normalisée avec le passage aux parcelles irriguées. Elle est en fait très contrastée selon les bassins, entre des zones centrales très sèches à 23 % d’humidité, le Sud-Ouest à 25 % et l’Alsace à 28 %. En Auvergne-Rhône-Alpes, l’Ucal a démarré à 17-18 % pour finir probablement autour de 23-24 %. Chez Bernard, on n’a pas allumé les séchoirs jusqu’au quart de la collecte ! « Les maïs arrivaient aux normes, à 16,5-17 % », témoigne Baptiste Bernard, responsable commercialisation chez Bernard. Au final, le négoce devrait atteindre une moyenne de 23-24 %. Mais il n’investira pas dans de nouveaux séchoirs. Dans le Haut-Rhin, Nicolas Barjot, directeur d’exploitation du site InVivo d’Ottmarsheim, craignait un taux d’humidité inférieur à 25 %, mais qui visiblement termine entre 28 et 30 %, pour des rendements autour de 115 q/ha : « C’est moins sec que ce qu’on imaginait. » Chez Lur Berri, « après des premiers échos à 21 %, on va finalement peut-être finir autour de 24 % ». En tout cas, la moyenne nationale extrême de 22 % d’humidité d’il y a deux ans ne sera pas revécue.

Le marché de son côté est encourageant. Il ne compensera pas les pertes de récoltes, mais c’est un coup de pouce bienvenu. Les agriculteurs devraient en partie profiter de la hausse. Les OS, eux, attendaient plutôt d’avoir une meilleure vision de leurs volumes avant de s’engager, mais la demande est là. En raison des déceptions de production autour de la mer Noire, le regain de compétitivité du maïs français, vers l’Espagne et le Benelux notamment, s’est traduit par le relèvement des prévisions d’exportations de 300 000 t en un mois et, pour partie, par l’allègement du stock de report (2,2 Mt).

Marchés : belle dynamique

Même si la production mondiale reste record (1 160 Mt contre 1 121 Mt l’an dernier), plusieurs facteurs sont à l’origine de la remontée des cours. Tout d’abord, la situation américaine, avec des projections de production et de stocks de fin de campagne qui ne cessent de baisser. Ensuite, la demande chinoise, très marquée depuis cet été. « En août, un peu plus d’1 Mt de maïs a été exporté vers la Chine, du jamais vu en un mois à ma connaissance, relève Arthur Boy, chargé de mission à l’AGPM. Les engagements d’achats sont déjà à près de 10 Mt sur 2020-2021, et malgré les droits de douane de 65 % au-delà de 7,2 Mt d’importation, les maïs importés resteraient compétitifs par rapport aux locaux. On parlerait même de 15 à 20 Mt d’importation, contre 4 à 5 Mt ces dernières années. » Pour couronner le tout, en plus des accidents de production en Roumanie, en Bulgarie, en Ukraine, la Niña s’installe en Amérique du Sud. Enfin, la nette progression des cours du blé, du fait des difficultés de semis en mer Noire, n’est pas étrangère à cette dynamique. Jusque quand va-t-elle perdurer ? Car on n’est pas à l’abri d’une rechute, les stocks américains ne sont pas si serrés que ça non plus…

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