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Moisson 2020 Tout en hétérogénéité

Claudius Thiriet

Marquée par de mauvais rendements à travers toute la France, la récolte 2020 sera pour beaucoup à oublier. Seule consolation, la qualité est au rendez-vous.Par Lucie Petit

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L a récolte 2020 aura été pour beaucoup l’une des pires de ces dernières années, avec de mauvais rendements combinés à des surfaces en recul. « Ç’a été une année compliquée, toutes cultures confondues », affirme Nathan Cordier, d’Agritel. La FNA estime que c’est « l’une des plus petites récoltes depuis 25 ans, ce qui nous rappelle les récoltes 2016 et 2003 ». Ce que confirme Didier Quintard, de Dijon céréales : « C’est une année sombre. Pour un grand nombre des exploitations de notre secteur, ç’a été une moisson catastrophique, la plus mauvaise depuis 1976. » En cause : des conditions climatiques catastrophiques, entre fortes précipitations à l’automne ne permettant pas les semis et sécheresse au printemps dégradant les rendements, le tout accompagné de bioagresseurs. « En 2020, de nombreux phénomènes, et pas seulement les conditions climatiques, ont impacté les rendements, explique Patrick Beauvillard (France Gâtinais céréales). La pression en jaunisse nanisante de l’orge a été importante, il y a également eu des problèmes au niveau de la méiose des blés du fait d’amplitudes thermiques trop importantes. » Dans le Sud-Ouest, Arterris enregistre la récolte d’été la plus faible de son histoire ( 40 %).

Selon Agreste, la récolte nationale de blé tendre s’élève à 29,7 Mt, en recul de 24,9 % par rapport à 2019 et de 15,9 % par rapport à la moyenne quinquennale. Cette chute de production, encore plus marquée en Poitou-Charentes ( 43,2 % sur un an) ou dans les Pays de la Loire ( 34,9 %), résulte d’une sole de blé de 4,4 Mha, la plus faible depuis 1994, et un rendement moyen de 68,3 q/ha, soit  3,9 % par rapport à la moyenne quinquennale. Cependant, une très forte hétérogénéité est observée au sein des territoires, « avec des rendements pouvant aller du simple au triple », relève Arvalis. « C’est une moisson des extrêmes, avec des zones à très bons rendements, comme la Champagne crayeuse, et des régions à très mauvais rendements avec 40 à 50 q/ha, explique François Berson, de Soufflet Agriculture. Ce qui signifie pour nous une baisse de collecte de l’ordre de 500 000 t. »

La qualité au rendez-vous

Malgré tout, point positif de la récolte, la qualité s’avère au rendez-vous avec des taux de protéines supérieurs à 11,5 % pour la plupart des régions. Dijon céréales annonce, par exemple, un PS moyen de 80, 12,5 % de protéines et des bons Hagberg. Le constat est le même pour les orges d’hiver qui affichent de bons calibrages et taux de protéines : respectivement de 80 à 90 % et 10,5 à 11,5 %, selon Arvalis. Et comme pour le blé, la production est en recul avec 7 Mt, soit  22 % par rapport à la moyenne quinquennale, pour un rendement moyen de 58,2 q/ha qui se révèle très hétérogène selon les régions.

Boom des orges de printemps

Victimes des conditions humides de l’automne, les orges d’hiver accusent une chute de 12 % de leurs surfaces qui a bénéficié aux orges de printemps, en même temps que le recul de l’emblavement en blé.

Ainsi, la sole d’orge de printemps atteint 760 000 ha, soit 39 % de la sole totale d’orges (1,97 Mha) contre 33 % en 2019, selon Agreste. La production atteint 4,3 Mt, + 37 % par rapport à la moyenne quinquennale, avec un rendement moyen de 56,1 q/ha pénalisé entre autres par la JNO. « On n’a récolté qu’une petite moitié du volume prévu, mais c’est plutôt une bonne surprise », nuance François Berson, annonçant des rendements de 60 à 80 q/ha, 10,5 % de protéines et un calibrage de 82 à 83 %. « Les semis tardifs s’en sont mieux sortis que ceux d’automne », confirme Cyril Sacré, de Terre Atlantique.

En blé dur, la collecte nationale est estimée à 1,3 Mt, avec un rendement moyen de 51,6 q/ha, en recul de 5 % par rapport à 2015-2019, et une sole en progression de 252 000 ha, soit + 2,5 % en un an. Cependant, Cyril Sacré relativise : « Le blé dur est pour nous important dans la région. Si les rendements n’ont pas été très bons, avec une moyenne de 55 q/ha, on peut dire qu’on s’en sort bien pour une culture semée tardivement entre décembre et janvier. » Et malgré des accidents d’Hagberg, la qualité est satisfaisante avec de bons PS et taux de protéines.

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