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Transformation Cargill à l’américaine

164 postes sur 315 seraient supprimés à l’amidonnerie d’Haubourdin.

L’amidonnier a annoncé brutalement la reconversion de son site d’Haubourdin (Nord). 500 000 t de maïs sont en jeu. Pour les OS, c’est la douche froide.

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Coup de tonnerre, le 21 novembre, avec cette annonce de Cargill aux salariés, en même temps qu’aux OS et à la presse. Présentée par la multinationale américaine comme un « repositionnement du site », la réorientation de l’amidonnerie de maïs d’Haubourdin est pour le moins abrupte. « Face à la concurrence d’usines qui utilisent du blé, matière première qui présente l’avantage de générer des coproduits qui offrent une meilleure valorisation », les activités d’extraction d’amidons à partir du maïs et de production d’amidons standards, « structurellement déficitaires », se verraient arrêtées. Cela représente 70 % de l’extraction réalisée sur ce site. Cargill avance d’ores et déjà la suppression de 164 postes sur 315, ce qui n’a pas manqué de mettre le personnel en grève et l’usine à l’arrêt.

Le site d’Haubourdin, construit en 1856, racheté par Cargill à Cerestar en 2002, produit actuellement des amidons industriels, des poudres de glucose et des maltodextrines à partir de maïs, destinés aux marchés alimentaire, pharmaceutique et industriel (pâte à papier, carton ondulé). Plus de 80 % de sa production est destinée à l’export vers l’Europe du Nord. L’activité du site serait réorientée vers la production d’ingrédients alimentaires et industriels de spécialité, « très demandés et offrant des perspectives d’avenir », avec des amidons multisources (blé, maïs, pommes de terre).

5 % de la collecte française de maïs

Si l’on considère que cette usine transformait autour de 500 000 t de maïs grain/an, cela représente près de 5 % de la collecte française de cette céréale et environ 10 % de la consommation domestique. Un coup dur pour de nombreux OS. « C’est le premier client de l’Ucal en maïs, se désole Yves Courrier, membre du directoire de l’union des coopératives de l’Allier. C’est un débouché de l’ordre de 30 000 à 60 000 t de maïs par an qui va disparaître à partir de la récolte 2020. Il va falloir prendre son bâton de pèlerin auprès des autres amidonniers, mais les surfaces de maïs ne pourront pas rester ce qu’elles sont. » « Sur le périmètre d’Oxyane, ça représente 10 % des volumes de maïs, estime de son côté Philippe Lefebvre, responsable des métiers du grain à la Dauphinoise. Ce n’est pas neutre. Cela rajoute à la problématique du maïs dans nos régions. »

Renaud Fourreaux

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