Pourquoi le système de notation Nutri-Score fait tant parler de lui ?
Après ses débuts dans les rayons alimentaires fin 2017, le logo nutritionnel Nutri-Score occupe peu à peu le devant de la scène. S’il semble bien perçu par le consommateur, il reste à déployer et suscite quelques polémiques.
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1Un repère nutritionnel pour améliorer la santé
Nutri-Score est un logo qui permet d’évaluer la qualité nutritionnelle d’un produit alimentaire. Il se compose de cinq lettres, de A à E, aux couleurs allant du vert foncé à l’orange foncé, A étant le plus favorable à la santé et E le plus défavorable. Il a été conçu dans le cadre de la loi de modernisation du système de santé du 26 janvier 2016. Participant au Programme national nutrition santé, Santé publique France a élaboré le visuel du logo, sur la base des travaux de l’équipe du professeur Hercberg et du HCSP. L’enquête de juin 2018 (illustration ci-dessus), sept mois après son lancement, souligne une bonne perception par le consommateur. Une nouvelle enquête sera publiée après l’été avec des achats sûrement plus nombreux du fait du déploiement du logo. D’autant plus qu’il est rendu lisible dans des applis consommateurs depuis l’accord avec Open Food Facts (lire pp. 16-17).
2Un système volontaire bientôt obligatoire ?
L’adhésion à Nutri-Score est un acte volontaire. Cependant, le Premier ministre a annoncé le 12 juin vouloir le rendre obligatoire. À ce jour, 114 IAA et distributeurs alimentaires se sont engagés dans la démarche. Tous les produits d’une marque engagée sont concernés. Un espace dédié sur le site de Santé publique France (www.santepubliquefrance.fr) donne le cheminement pour sa mise en place, dont un tableur Excel de calcul du score nutritionnel. Cette note résulte de la différence entre les points négatifs attribués selon le niveau de kilojoules, acides gras saturés, sucres simples, sodium et les points positifs attribués selon le niveau de fibres, protéines, fruits, légumes, légumineuses et noix. Le Nutri-Score est censé motiver les industriels pour reformuler leurs produits afin de les rendre plus vertueux pour la santé.
3Déployé aussi hors de France
Il est question d’étudier un tel dispositif sur les produits bruts tels les viandes, fruits et légumes. Le Nutri-Score sort aussi de France. Le règlement européen n’interdit pas son usage dans d’autres pays, qu’il soit officiellement reconnu ou pas. Auchan l’utilise au Portugal. La Belgique l’a adopté. L’Espagne en a l’intention. De plus, sept associations de consommateurs européennes, dont l’UFC-Que choisir, réclament son apposition obligatoire dans une pétition lancée en mai, qui doit collecter 1 million de signatures en un an pour être examinée par la Commission européenne.
4Des avis divergents
Toutefois, ce dispositif suscite la polémique. Il lui est reproché de ne pas prendre en compte les additifs ni le niveau de transformation des produits, et d’être réducteur. Et il peut perturber le consommateur avec certaines notations comme le D de l’huile d’olive ou le A des frites, du fait qu’elles sont un produit brut pas cuit. Certains craignent aussi des dérives de la part des industriels pour rendre plus vertueuses les notes. Cependant, une réflexion est menée avec les fabricants de frites et il est question de faire évoluer dans le temps l’algorithme pour améliorer le dispositif qui, seul, ne résoudra pas forcément les problématiques de santé telles que l’obésité, qui est à envisager dans une démarche plus globale. Mais l’initiative peut être vertueuse si elle fait bouger les lignes. Et n’est-ce pas à chacun d’apprendre à gérer et doser les informations mises à disposition et à écouter ses propres besoins ?
Hélène Laurandel
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