Les agriculteurs avancent pas à pas vers le bio
Ce baromètre Agrodistribution-ADquation sur la conversion à l’agriculture biologique s’appuie sur une double question posée début mai à 502 agriculteurs possédant au moins 50 ha de SAU.
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Sur les 502 exploitants du baromètre Agrodistribution-ADquation, près d’un quart se posent la question de la conversion vers le bio, soit la même proportion que l’an dernier. Et ils sont déjà 10 % à avoir sauté le pas, avec un nombre plus élevé dans le Sud (14 %), terre de prédilection du bio.
Un tiers de ceux qui pensent à la conversion ont poussé l’analyse plus loin avec une étude de faisabilité. Et seuls 12 % envisagent de franchir le pas. Si nous ramenons ce sondage à l’ensemble de l’échantillon enquêté, ce sont 3 % des 452 agriculteurs conventionnels qui pourraient rejoindre prochainement les rangs du bio.
Ces tendances émergeant de notre baromètre viennent corroborer l’enquête 2018 de l’Agence bio, laquelle annonce près de 9,5 % des exploitations françaises engagées dans l’agriculture biologique, soit 41 623 exploitations et 7,5 % de SAU nationale (contre 6,5 % en 2017), c’est-à-dire plus de 2 Mha, dont 532 000 ha en conversion.
Surfaces quadruplées en grandes cultures
Certes, notre échantillon représente uniquement les activités de grandes cultures, polyculture-élevage et élevage de plus de 50 ha de SAU. Toutefois, ces tendances démontrent clairement que le bio s’inscrit de plus en plus dans le paysage des exploitations à la base conventionnelles des grandes zones de production agricole. Une tendance confirmée par Gilles Renart, directeur de l’activité bio chez Axéréal (lire p. 19). D’ailleurs, l’Agence bio souligne le quadruplement en dix ans des surfaces de grandes cultures.
Cet essor continu concerne toute la filière. Le tissu de TPE et PME transformant les productions bio connaît une croissance de 12 % en 2018 et de 49 % pour les cinq dernières années. Il est répertorié 16 651 entreprises de transformation.
Cet engouement en amont est bien sûr tiré par la demande en aval qui affiche une progression de la consommation de 15 %, pour atteindre 9,7 milliards d’euros, soit près de 5 % des achats alimentaires des consommateurs français. Les importations restent stables à 31 %, valeur ramenée à 18 % si l’on exclut les produits exotiques. La distribution est assurée par 7 114 structures, qui ont enregistré une progression de plus de 40 % l’an dernier.
Au total, ce sont plus de 155 000 emplois directs à temps plein qui sont dénombrés dans toute la filière bio, soit plus du double de 2012. Plus de 100 000 de ces emplois se retrouvent dans les fermes.
Nouvel outil pour la coop Biocer
Le bio fait bien des émules. Chaque jour, un communiqué de presse annonce une nouvelle démarche, pour exemple, « Bio engagé » de Lactel, de nouvelles variétés, tels des blés et des orges brassicoles chez Secobra Recherches, l’étoffement des rayons alimentaires bio et aussi des rayons petfood, l’ouverture de nouveaux points de vente dédiés comme Les Comptoirs de la Bio, de nouvelles unités de production, transformation ou conditionnement, à l’image de Juste Bio, ou de stockage, avec la coopérative Biocer. Cette coopérative 100 % bio de l’Eure, collectant 18 500 t de céréales et légumes secs, est en train de construire un outil dédié uniquement au bio à toutes les étapes, de la réception des céréales à l’ensachage (maquette ci-dessous). Cet outil va être doté d’une capacité de stockage évolutive de 4 000 à 13 520 t et de 40 cellules, avec un atelier de triage et d’ensachage et un atelier meunerie pour produire des farines de T80 à T150 sur meules de pierre.
Premier moulin bio chez Soufflet
De son côté, le groupe Soufflet a inauguré en avril son premier moulin bio à Lozanne (Rhône), lequel peut écraser 100 t/j de blé (en majorité de Soufflet Agriculture) pour un objectif de 24 000 t/an de farine. Cependant, côté consommation, on devient plus critique. Pour preuve, le hors-série daté de juillet-août 2019 de 60 millions de consommateurs, qui passe à la moulinette plus de 130 produits, ou encore le dossier du Canard enchaîné, sorti en avril, qui décortique la filière et pointe du doigt ses dysfonctionnements et ses incohérences.
Hélène Laurandel
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