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LÉGISLATION La valse des CEPP

Un ministre déterminé. Stéphane Le Foll, « pas content du recours », comme il l'a dit, a réaffirmé sa volonté de défendre les CEPP coûte que coûte. Il a notamment justifié : « Les distributeurs ont aussi leur part de responsabilité [...]Sinon c'est toujours sur les agriculteurs que cela tombe ». Début février, il plaidera la cause des CEPP devant les sénateurs, réputés moins favorables au dispositif.M. COISNE

Après l'annulation de l'ordonnance CEPP, le dispositif revient à travers une loi, en procédure accélérée, qui devrait être votée d'ici fin février.

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« Je ne partirai pas avant que cet outil ne soit définitivement acté », a martelé Stéphane Le Foll lors du point presse de présentation des résultats d'Ecophyto 2 au ministère, le 30 janvier. Le timing est serré : élections obligent, la session parlementaire finit en mars. Mais le ministre de l'Agriculture a bon espoir que le dossier soit bouclé avant fin février, les CEPP (certificats d'économie de produits phytopharmaceutiques), renaissant avec la proposition de loi « relative à la lutte contre l'accaparement des terres agricoles et au développement du biocontrôle », portée notamment par Dominique Potier, député PS.

Passage au Sénat prévu le 7 février

Retour sur les faits : faisant fi de la trêve des confiseurs, le Conseil d'Etat a annulé le 28 décembre l'ordonnance portant les CEPP, à la suite d'un recours déposé fin 2015 par la profession. Sans répondre aux questions posées sur le fond, mais pour un vice de procédure : la non-consultation du public, faite pour le décret mais pas pour l'ordonnance. « C'est pourtant ce qui nous avait été conseillé », a justifié Stéphane Le Foll le 30 janvier. Une annulation qui ne sonne pas le glas du dispositif : le texte de l'ordonnance, avec quelques aménagements mineurs, a été intégré dans la loi Potier, à l'article 10. Celle-ci a été adoptée à l'Assemblée nationale le 18 janvier, et son examen au Sénat est prévu le 7 février. Qui dit procédure accélérée, dit pas de seconde lecture : en cas de désaccord au Sénat, se tiendra une CMP (commission mixte paritaire), composée de sénateurs et de députés, et si là encore aucun accord n'est trouvé, le fin mot reviendra à l'Assemblée nationale, d'ici fin février. Un amendement a été déposé par Jean Bizet et Sophie Primas, sénateurs Les Républicains, pour supprimer l'article 10, arguant une complexification administrative, « des discriminations arbitraires entre produits », et « une distorsion de concurrence » avec les distributeurs étrangers. Après adoption de la loi, un décret d'application est attendu, avant les arrêtés portant sur le dispositif, avec la méthodologie de calcul, et les fiches actions, y compris celles validées entre-temps.

De nouvelles fiches actions à venir

Car si le dispositif est suspendu, le lot de fiches actions disponibles continue de grandir. « On voit arriver des propositions vraiment intéressantes », fait part Christian Huyghe, président de la commission indépendante d'évaluation des fiches actions. Quant à la profession, la Fédération du négoce agricole et Coop de France campent sur leurs positions. « Oui aux fiches actions, non à la taxe », répète Sébastien Picardat, directeur de la FNA. Celle-ci ne s'interdit pas de poursuivre les recours, « pour avoir les réponses aux questions posées ».

Marion Coisne

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