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LAIT Le cartel du yaourt épinglé

L'Autorité de la concurrence a démantelé et sanctionné une entente entre onze industriels laitiers, avec l'aide de l'un d'entre eux.

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Un vrai polard. C'est la première impression donnée par l'affaire du cartel du yaourt qui met sous les feux de la rampe onze industriels laitiers impliqués dans des ententes illicites autour de hausses de prix, de volumes et d'appels d'offres dans le secteur des produits laitiers frais sous MDD (marques de distributeurs). Réunions en catimini dans un hôtel ou un appartement familial, carnets et téléphones secrets, rencontres au restaurant Au chien qui fume... L'aventure se termine pour les entreprises prises la main dans le « pot » après une dénonciation faite par l'une d'entre elles. La sentence est tombée le 11 mars dernier avec la publication le lendemain de la décision de l'Autorité de la concurrence.

Yoplait dévoile le cartel

Au total, 192,7 M€ de sanctions vont alimenter les caisses étatiques dans les semaines à venir. Les amendes prononcées étant en quasi-totalité récupérées d'une année à l'autre. En 2014, 97 % ont été recouvrées. Tout a commencé avec l'arrivée en 2011 de General Mills au capital de Yoplait, à hauteur de 51 %, aux côtés de Sodiaal gardant 49 %. Après un audit, l'américain découvre le pot aux roses et décide de révéler l'affaire tout en déposant une demande de clémence (lire encadré) auprès de l'Autorité de la concurrence, le 12 août 2011. Ce qui permet à Yoplait d'échapper en totalité au règlement de sa sanction. L'affaire est alors instruite et des opérations de visites et de saisies ont lieu en février 2012 au siège des opérateurs impliqués. Les pratiques incriminées cessent dans la foulée, après avoir duré plus de cinq ans, ayant débuté en décembre 2006. Peu après, Senagral demande une clémence de second rang en apportant de nouvelles informations, afin de bénéficier d'une réduction d'amende.

Des entreprises vont faire appel

Seule la laiterie de Saint-Malo conteste les griefs. Les dix autres industriels les reconnaissent, mais certains s'érigent contre le montant des amendes et vont faire appel à l'image de Lactalis et Maîtres laitiers du Cotentin. Pour Senagral, son nouveau propriétaire, Agrial, précise que les conséquences de l'amende seront à supporter par Senoble, car les faits incriminés ont eu lieu avant la reprise de ses activités ultra-frais MDD par Senagral en 2012. Senoble pourra-t-il alors faire appel comme il l'a annoncé ? Néanmoins, dans la fixation de la sanction finale, la situation financière des entreprises est prise en compte si on se réfère à la décision du 11 mars. Ainsi que le pouvoir de négociation exercé par la grande distribution « au détriment des fabricants ». Toutefois, ces mêmes distributeurs ont la possibilité de demander une réparation du préjudice subi dans cette affaire.

Des hausses de 6 à 10 %

Les industriels impliqués représentent 90 % du marché des MDD en produits laitiers frais, soit 1 milliard d'euros de CA. Les hausses de prix obtenues par l'entente ont été de 6 à 10 %. Ce qui amène Jean-Marie Seronie, consultant depuis le début de l'année 2015 et ex-CER France, à s'interroger sur « l'usage du sur-résultat engrangé et sur ce qui se passe depuis la fin des surprix ». En tout cas, cette affaire remet en exergue la problématique des relations commerciales entre la distribution et ses fournisseurs. Si elles étaient plus justes, ce cartel aurait-il existé ?

Hélène Laurandel

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